Grand magasin

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Utten
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Grand magasin

Message par Utten »

Les faux sapins, les guirlandes qui me fatigaient les yeux à force de clignoter, la musique d’ascenseur à grande échelle dans tout le magasin, les bousculades, tout ça commençait vraiment à me fatiguer. Même Sandra m’avait laissé tomber - probablement à l’autre bout du hall côté parfum ou bijoux - ou c’est moi qui avait bifurqué discrètement. Il n’y avait que ces belles hôtesses en costume rouge et blanc avec leur bonnet à pompom pour sauver cette après-midi, en faisant de beaux sourires qu’on nous croit véritablement adressés et proposant des petits chocolats de saison. Jusqu’à...

- Coucou mon loup!

Une claque sur les fesses, forte en plus! Je me retournai. C’était une grande blonde au cheveux bouclés, plutôt fine voire maigre, arborant un grand sourire. Mais vite effacé.

- Oh pardon! Je suis désolée. De dos, je vous ai pris pour quelqu’un d’autre...

Confuse, honteuse, elle commence à rougir et se couvre la moitié du visage avec ses deux mains. Elle ne sait plus quoi dire. Passé l’étonnement, je me mets à sourire; je trouve ça plutôt cocasse.

- Ce n’est rien, mad...

Mais déjà elle a fui. Tant pis. Je reprends donc mon errance à travers les boutiques. Moi aussi je finirai bien par retrouver ma moitié. Je recommence donc à bredouiller des pardon, pardon, à jouer de l’épaule pour traverser les allées trop encombrées. Là, j’en ai un peu marre. Et...

- Monsieur?

Une main sur mon bras; je me tourne. Ah! Une Mère Noël, son panier de confiserie à la main.

- Non merci, mademoiselle, j’en ai déjà pris suffisamment à vos collègues.

J’ai essayé d’être le plus poli possible. Pourtant en retour j’ai un air très très sérieux, sourcils froncés, moue boudeuse, puis elle fouille sur son ventre, en sort un badge de la taille d’une carte de crédit.

- Sécurité du magasin, monsieur. Je vais vous demander de m’accompagner s’il vous plaît.

Sandra! Il lui est arrivé quelque chose, j’en suis sûr.

- Très bien. Je vous suis. C’est ma femme? Il lui est arrivé quelque chose?

- Par ici, s’il vous plaît.

Tout près de moi, elle m’aggripe le bras et m’entraîne là-bas, derrière la dernière boutique. Porte camouflée, escalier. On se retrouve dans une suite de bureaux je crois, surplombant la galerie vraisemblablement. Mère Noël continue de me guider; nous entrons dans un de ces grands bureaux sans fenêtre, tout éclairé. Mais vide. Pas de Sandra à l’horizon.

- Qu’est-ce que...

Elle fait claquer ses bottes rouges à gros talons qui remontent jusqu’à ses genoux, prenant un air de plus en plus inquiétant, pose son bonnet sur le bureau, révélant ses cheveux bruns-noirs, époustant sa robe courte bordée de fourrure blanche. Bon sang! quelles jambes!

- Monsieur, il semblerait que vous ayez dérobé plusieurs articles dans différentes boutiques de la galerie. Je vais donc devoir procéder à une vérification.

Quoi?! Moi, voleur?! Mais de qui se moque-t-elle? Je rigole, nerveux, plus qu’inquiet.

- Vous devez me confondre avec quelqu’un d’autre. Vous êtes sûre de faire partie de la sécurité?

Mon petit rire n’a pas dû lui plaire, pas plus que ma question. Elle se jette sur moi et me fait une clé de bras, m’obligeant à me pencher sur le bureau, presque à tomber dessus.

- Ecoutez bien. Ne vous méprenez pas sur ma tenue; ça reste ce qu’il y a de plus efficace en cette période pour surveiller des voleurs comme vous. Alors soit vous acceptez cette vérification, soit je fais appel à la police, ce qui risque d’être long, beaucoup plus long...

Quelle force elle a. J’ai mal au bras et peur de tomber sur une experte en technique de combat.

- D’accord, d’accord. Vérifiez. Je n’ai rien à cacher.

Elle relâche son étreinte en me laissant me relever. J’écarte aussitôt légèrement les bras; je m’attends juste à une fouille comme à l’aéroport.

- Je vous l’ai dit, vous me prenez pour un autre, comme cette femme tout à l’heure.

Un pas en arrière.

- Déshabillez-vous. Chemise, pantalon, chaussures, la montre et la ceinture sur le bureau.

- Pardon?

Plus ça va, plus la Mère Noël se transforme en gardienne de prison. Elle gagne en assurance quand moi j’en perds minute par minute. Et elle pose sa main sur le téléphone, là, sur le bureau.

- Tout ça me paraît très neuf. Je vais aller vérifier auprès de nos commerçants. Sauf si vous préférez faire ça d’une manière plus administrative...

Ouais, je devine à nouveau la menace. Police. Des heures et des heures d’attentes. J’obtempère donc, en défaisant ma chemise, en ôtant mes chaussures, et puis tout le reste, jusqu’à me retrouver en boxers.

- Je peux le garder mon slip ou vous compter aussi aller vérifier ça?

Enervé. Agacé. Je n’ai pas vu qu’elle avait sorti de l’armoire grise une corde blanche, pas tout de suite.

- Attendez, c’est quoi ça? Qu’est-ce que vous comptez faire?

- Mesures de précautions monsieur. De nos jours, si les agents de sécurité doivent se déguiser en Père Noël, c’est parce que les voyous de déguisent en quelqu’un de tout à fait normal. Les mains dans le dos s’il vous plaît.

Je me suis résigné. Finissons-en le plus vite possible et qu’elle me laisse partir. Sandra doit commencer à me chercher maintenant, peut-être qu’elle s’inquiète déjà. Mère Noël se place donc derrière moi, me ramène les bras dans le dos et commence à m’attacher les poignets, côte à côte en enroulant la corde trois ou quatre fois autour et termine en serrant un noeud au milieu. Ferme, solide mais pas douloureux. Je sens qu’il reste en une bonne longueur qui pend entre mes jambes.

Elle rapproche ensuite une chaise, en bois, pas vraiment coordonnée avec le mobilier de la pièce et me force à m’asseoir dessus, les bras derrière le dossier. J’obtiens quelques secondes de répis, le temps pour elle de sortir tout un tas de cordes. Mais dans quel pétrin je me suis encore mis? Elle en passe une autour de mes coudes, juste au-dessus. Je les sens qui se rapprochent dangereusement au fur et à mesure qu’elle la resserre, puis l’enroule autour de ma poitrine plusieurs fois. Là vraisemblablement, elle se met à genoux, tire sur la corde entre mes poignets vers le bas, et l’attache à un barreau de la chaise, derrière.

Je suis bien incapable de bouger à présent. C’est à peine si je peux gigoter, ce qu’elle remarque.

- N’essayez pas monsieur. Sauf si vous tenez à ce que je serre plus...

Je relève la tête pour essayer de l’apercevoir. Je la baisse: elle vient de s’agenouiller devant moi. Encore une corde à la main.

- Ca va être bon là, non? Est-ce que c’est nécessaire?

Elle semble m’ignorer tout en continuant. Cette fois, elle glisse la corde sous mes cuisses, bien au milieu.

- Je vais vous demander de vous taire monsieur. Nous ne nous connaissons pas, je ne compte prendre aucun risque.

Et de continuer. Cuisses bien attachées ensemble. La même corde passe trois fois sous l’assise de la chaise. Elle s’en prend ensuite à me chevilles vite attachées côte à côte. Mais en plus elle enroule la corde autour d’un barreau de la chaise devant. J’ai de la chance: mes pieds touchent encore par terre, même s’ils ne peuvent plus bouger.

Enfin, de la chance, ce n’est pas exactement le bon mot. Solidement ligoté, incapable de remuer le petit doigt. Si. Les doigts je peux encore, mais je n’arrive à rien attraper, pas le moindre noeud que je pourrais gratter pour essayer de me libérer.

Mère Noël a commencé à vérifier mes vêtements, tout y passe. Le pantalon est mis de côte; il n’ a pas l’air de l’intéresser. Elle inspecte la chemise rapidement avant de l’écarter. Malgré tout, elle prend bien son temps. Je me sens soulagé. J’aurais pu l’être dès le début: je n’ai rien volé, rien.

- Alors, vous êtes satisfaite? Vous voyez bien que je n’ai rien chapardé.

Elle relève les yeux vers moi.

- Pas encore, monsieur. J’ai un doute pour la ceinture et la montre. Je vais devoir aller vérifier dans la galerie.

Non! C’est pas vrai! Je me mets à m’énerver, m’agitant autant que possible à droite, à gauche, en avant, en arrière. J’y crois à peine. Elle ne va pas me laisser là?

- Attendez. Vous n’allez pas me laisser là comme ça? Vous ne pouvez pas. Vous ne pouvez pas!

Je remue encore un peu plus fort, mais diable! elle a fait ça toute sa vie ou quoi, attacher les gens.

- Vous avez raison, je ne peux pas vous laisser comme ça.

A nouveau, je la vois fouiller dans l’armoire. Cette fois, elle y prend un rouleau d’adhésif noir et en coupe trois longs morceaux. Les deux premiers, elle les pose à moitié collés sur son avant-bras. Le dernier, elle le saisit à deux main avant de s’approcher dangereusement de moi et me baîllonne avec, en appuyant fortement, très fort vraiment, sur la bouche et presque jusqu’aux oreilles.

Surpris, je fais MMmmmm!!! J’y gagne juste les deux autres morceaux appliqués soigneusement par-dessus.

- MMmmrrrr!! MMmmphphppfffff!!!

Et puis on éteint la lumière. Je proteste encore plus fort.

- Je vous remercie de votre collaboration monsieur. Je fais aussi vite que possible et je reviens...

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Mad Hatter
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Ce que je déteste : Le manque de respect envers autrui, les bettraves, les chiens quand ils veulent jouer avec les cyclistes ;p
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Re: Grand magasin

Message par Mad Hatter »

Une histoire pour le calendrier de l'avent :bravo: , aurons nous le droit à la suite ?
De l'Ordre nait le Chaos.
Ou est-ce l'inverse ?
Jervis Tetch dans L'asile d'Arkham


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Tchocobo

Re: Grand magasin

Message par Tchocobo »

Captivant, vivement la suite :)

dark gentleman

Re: Grand magasin

Message par dark gentleman »

Cela manque peut-être un peu de magie de Noël... quoique, des vigiles comme celle-là on en croise d'ordinaire bien peu dans les grands magasin :D Mais c'est très bien écrit et comme les autres j'attends la suite.

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Utten
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Re: Grand magasin

Message par Utten »

Je vous prépare la suite dès que possible, mais je suis plutôt lent à l'écriture et chargé côté boulot. Dès que je peux...

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Utten
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Re: Grand magasin

Message par Utten »

Je n’y crois pas, c’est un rêve ou plutôt un cauchemar. Sandra va me réveiller dans un instant en me pressant pour aller au boulot. Un. Deux. Trois. Je rouvre les yeux mais non: toujours attaché sur cette chaise dans le noir. Pas le noir complet, non, une certaine obscurité. Ce qui me laisse l’opportunité de regarder, cherchant je ne sais quoi qui pourrait m’aider.

En relachant mes muscles au maximum, je pourrai peut-être me libérer, j’ai lu ça dans un vieux roman. Je commence donc à respirer profondément pour me détendre le plus possible. Le baîllon sur ma bouche me gène, et en plus il serre tellement que j’ai l’impression d’avoir la mâchoire prise dans du béton. Concentration. Souplesse. Visualisation mentale. J’accroche un noeud avec mes doigts. Je gratte, je gratte, et victoire! il se défait. Mes poignets sont encore attachés ensemble mais je viens de dénouer le noeud qui les maintenait au dossier. Je suis loin d’être libre mais c’est une première étape. Je laisse échapper quelques ‘MMmm MMmmm’ de joie. Peut-être que si maintenant je remue mes bras de gauche à droite et vers le haut je parviendrai à me détacher du dossier de la chaise...

Mère Noël revient à ce moment-là. Bon sang, dans une autre situation sa petite robe rouge et ses bottes m’auraient bien plu. La porte s’ouvre brusquement, la lumière me pique les yeux. Un grand sourire se dessine sur son visage car elle tient par le bras une grande blonde, cheveux bouclés. La fille de tout à l’heure, c’est elle, je la reconnais! Toute penaude cette fois...

- Regardez qui je viens de trouver. Votre comparse? Votre... complice?

Je secoue la tête de droite à gauche.

- MMmmffff!!!! Mmmphphphffff!

Ni l’un ni l’autre ne bronche. Elles m’ignorent totalement, sauf peut-être la blonde qui me regarde bizarrement, les lèvres pincées. Je n’arrive pas à deviner son expression. Elle se laisse entraîner par Mère Noël qui ne lui lache pas le coude, pousser, tirer, jusqu’à se retrouver assise presque en face de moi, un peu de profil, sur une chaise identique. Et avec les bras dans le dos. Visiblement, il y a déjà eu explication entre ces deux-là, pour qu’elle ne bronche pas ni ne pose la moindre question.

Miss Sécurité a déjà sorti de son armoire tout ce qu’il lui fallait et achève de lui attacher les poignets dans le dos, sans les attacher au dossier de la chaise. Quelque part, la blonde a plus de chance: elle a gardé sa jupe fine et son pull gris serré. Ou pas. Elle se retrouve bientôt avec les coudes attachés mais vu sa grimace je parierais qu’ils se touchent ou pas loin. Puis une autre corde lui fixe la poitrine contre la chaise, qui passe par-dessus et par-dessous ses seins, enserrant ses bras à hauteur du biceps. Mère Noël se délecte: elle prend même le temps ou un malin plaisir ou les deux à remonter cette corde jusque sur la nuque puis sous l’autre bras, avant de s’accroupir sur le côté droit.

De lui saisir la cheville. Elle résiste, retire sa jambe, mais se la fait reprendre sèchement et positionner sur le coté de la chaise, pliée un peu vers l’arrière. Un pied élégant dans un chaussure à talon fin, noire, retenue à la cheville par une petite sangle. Maintenant également attachée par quelques longueurs de corde blanche au pied de la chaise.

Toujours silencieuse, Mère Noël se redresse, passe de l’autre côté. Cette fois la blonde se laisse ligoter la cheville sans résistance, le regard fixe loin devant elle. Elle ose quand même un mouvement du buste lorsque c’est fait, mais ne parvient guère à bouger.

Quant à moi, l’adhésif ne laisse passer aucune de mes plaintes, ce n’est pas faute d’essayer. Plus fort. Un peu encore. A la fin, je réussis à attirer son attention, enfin. Juste au moment où elle vient de se relever. Et de se diriger vers moi - elle a l’air furieuse - et arracher mon baîllon d’un coup sec. Ouch!

- Quoi?!

Sacré nom d’un chien. Ca tire la peau.

- C’est elle. C’est elle, je vous l’ai dit tout à l’heure. Dites-le lui vous!

- Vous la connaissez donc. Vous êtes de mèche, c’est ça?

Non, non, non, ...

- Pas du tout. Elle m’a pris pour son mari ou son petit ami dans le magasin. Je parie que c’est lui votre voleur. C’est lui que vous devez...

Derrière elle, la blonde en question se rappelle à notre bon souvenir, m’interrompant:

- Oh, ça suffit! Baîllonnez-le à nouveau et qu’il nous épargne ses sornettes.

Elle ne manque pas de toupet et pourra vite le regretter. La mère Noël en effet vient de trouver deux foulards blancs et joue avec le premier, lui faisant un noeud au milieu, qu’elle enfonce dans la bouche de l’effrontée - qui tente tant bien que mal de garder ses lèvres fermées - tire en arrière et le noue solidement derrière la tête. Bien fait, je me dis, en voyant son sourire artificiel, les lèvres pincées au coin par le foulard. Et de continuer: elle plie le second foulard en une large bande de dix centimètres qu’elle applique tout à plat par-dessus le premier, couvrant le bas de son visage de la base du nez au menton, et noue très très solidement sur la nuque.

Puis se retourne dans ma direction. Je souffle doucement: elle vient de réaliser que je disais vrai, que j’étais innocent, c’est sûr, je le vois, elle a l’air un peu plus détendue à présent.

sam22

Re: Grand magasin

Message par sam22 »

Histoire très prometteuse! Cela donne presque envie de piquer dans les magasins...

Bouya2

Re: Grand magasin

Message par Bouya2 »

L'histoire est assez originale. Et bien que normalement elle n'aurait à voir avec Noël, tu arrives à la raccorder avec cette saison !
Le style est clair et assez prenant.
La suite ;)

jeana1fr
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Re: Grand magasin

Message par jeana1fr »

merci de nous faire profiter de ton talent d'écriture

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Utten
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Re: Grand magasin

Message par Utten »

Je me trompe. Certes plus détendue mais toujours aussi déterminée. Arrivée près de moi, elle constate que mes poignets ont retrouvé un semblant de liberté, si peu suis-je tenté de dire puisqu’un seul des noeuds s’est défait.

- Mais!? Ah, j’ai bien failli me faire avoir.

Le ton de sa voix a en effet changé. Mais quoi? je n’ai rien fait moi. Je tourne la tête à droite, ensuite à gauche. J’aimerais bien la voir, comprendre, m’expliquer... M’expliquer de quoi?

- Attendez. Qu’est-ce qui se passe? Je ne comprends pas...

J’entends son souffle puissant pour seule réponse, et la corde sur ma poitrine relachée. Pas la seule: elle reparaît devant moi, trifouillant sous la chaise. Incompréhensible. Cette fois, elle libère mes cuisses puis mes chevilles de la chaise. Je reste pieds et poings liés comme le dit l’expression consacrée mais plus à la chaise...

- Debout! Allez, dépêchez-vous!

Ton sévère. Ce qui ne m’aidera en rien à me lever. Péniblement, je me redresse, pas si facile avec mes jambes entravées et sans pouvoir m’appuyer sur quoi que ce soit. Alors, elle écarte la chaise, me saisit par les épaules et m’allonge par terre. Il a suffit d’appuyer un peu derrière mon genou pour que je me retrouve au sol.

- Je voulais me montrer gentille, mais puisque visiblement vous ne vous montrez pas très coopératif, je vais devoir sévir.

Elle s’agenouille près de mes pieds. Face au sol, je sens ses mains s’affairer entre mes jambes, en fait faire passer une corde entre mes chevilles et relever mes pieds en tirant dessus. Puis entre mes poignets, et tout doucement les ramener dangereusement les uns vers les autres. Comme mes bras se tendent, je ne peux retenir une grimace qu’elle choisit d’ignorer. J’entends ses talons qui résonnent sur le sol; elle s’éloigne quelques instants et puis elle revient.

- Ouvrez la bouche.

Ficelé comme un dindon, qu’est-ce que je peux faire? Rien. Alors j’entrouvre mes lèvres et je la laisse m’enfoncer un chiffon blanc roulé en boule dedans. Trop gros bien sûr, ça ne peut pas rentrer. Mais elle appuie et pousse du bout des doigts, si bien qu’il finit par rentrer, me remplissant la bouche complètement et étouffant les plaintes que je ne peux retenir. Et puis, ça je m’y attendais, elle déroule un rouleau d’adhésif transparent, très large, l’applique soigneusement sur ma bouche et tourne quatre fois autour de ma tête. L’odeur de la colle est ignoble et la sensation de mes cheveux collés sur ma nuque des plus désagréables.

Honteux, je reste immobile, fixant le mur face à moi, la seule chose que je puisse voir maintenant. Je n’ose même plus bouger un cil: ce bâillon m’a réduit à l’impuissance, plus que toutes les cordes avec lesquelles elle m’a attaché.

- Quant à vous, au moindre écart, je vous attache de la même manière, c’est compris?

Dernière menace à l’attention de mon infortunée ‘complice’. Celle-là ne bronche pas, étonnement calme. Même lorsque la porte claque et que nous nous retrouvons tous deux seuls, dans l’obscurité. Je comprends vite: au bout de cinq minutes, quelqu’un rentre à nouveau sans allumer la lumière, sans un mot. Au début.

- Tu en as mis du temps!

- Hé quoi?! Tu voulais qu’elle m’attrape moi aussi?

- Allez, allez, détache-moi donc!

Je devine qu’il s’agit du véritable complice. La blonde est donc bien une chapardeuse et moi une victimes collatérale. Je commence à me débattre en laçant des Mmm MMmm.

- Allez, viens, on s’en va.

- Attends, on ne peut pas le laisser comme ça!

Alors la blonde maintenant libre se rapproche. Je sens ses doigts jouer sur mes chevilles d’abord, mes jambes retomber au sol, puis mes poignets détachés et enfin mes coudes.

- Désolée pour tout ça mon loup. J’espère que vous ne nous en voudrez pas trop. Mais ne traînez pas trop, elle risque de revenir très vite...

- Mmm!!!!

Aussitôt, elle s’enfuit, à peine ai-je eu le temps de dire Ouf! même pas le temps d’arracher mon bâillon en fait, et de recracher la boule de tissu dans ma bouche. En vitesse, je me défais des cordes restantes, constatant les marques qu’elles ont faites sur ma peau. Puis je me rhabille en urgence, pas vraiment envie de revoir la Mère Noël. Pantalon, chaussures, chemise, montre, téléphone. Il ne manque que ma ceinture... Au diable cette ceinture, je file.
La foule me cachera.

Et Sandra? Où est-elle donc?

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