Ligotage = soumission ? C'est un long et profond débat, et qui ma foi mérite de se tenir. Voilà en tout cas ce que je conclus de mes propres expériences :
Perso, j’ai un peu de mal à associer le fait d'être attaché avec la soumission.
Je suis bien d'accord qu'en tant qu'homme, si je devais annoncer à autrui (comprenez par là une personne pas du tout attirée par les ébats de bondage, et qui aurait une vision très stéréotypée ou traditionnelle des relations humaines) que j’aime de temps à autre endosser le rôle du “soumis”, il y a un risque que je sois vu comme un larbin, une chochotte dénuée de virilité, un loser qui n'assumerait pas son statut de “sexe fort” comme tout “mâle dominant” se doit de faire. Je vois aussi parfaitement les liens (ce terme se prête bien, tiens!
) qui existent entre les deux concepts (contrainte imposée par l’autre, être dépendant de ses gestes, obéir à ses directives pour gagner sa libération), mais personnellement, je n’ai jamais l’impression qu’on me domine quand je me fais attacher. Le ligotage est pour moi un plaisir dans lequel je plonge de mon plein gré. Je choisis moi-même de me me soumettre à la volonté d’autrui, je n’agis jamais sous la contrainte. C’est davantage un choix, une recherche de sensations avant tout. A l'inverse, je ne pratiquerais pas.
Je profite de la détente que les cordes et ma tenue fétiche me procurent. J’aime que ma ravisseuse ait besoin de moi près d’elle. J’aime me faire dorloter et me laisser faire pendant ce moment de vulnérabilité. J’aime passer par tout un panel d’émotions quand je suis immobilisé sous mes cordes et mon bâillon, et que je suis incapable d’empêcher ma partenaire de jouer avec moi. Je garde à l'esprit que c’est mon corps qui mène la danse.
Par ailleurs, je ne vois pas du tout l’intérêt d’obéir au doigt et à l’oeil à chaque directive de ma geôlière. C’est justement le côté effronté du captif qui donne du piment à la séance ! Et les conséquences que je subis en osant tenir tête à ma “dominatrice” ajoutent un chouette effet de surprise aux ébats. Je prends la liberté de me débattre, de me révolter. Je prends la liberté d’en assumer la sanction éventuelle. Aussi, dans un échange correct, si je sens que je commence à avoir mal, j’ai le pouvoir de mettre un terme à la séance.
Et quand c'est moi qui attache, je ne me vois pas comme un "dominant", mais plutôt comme quelqu’un qui rend service à sa partenaire, quelqu'un qui lui offre cette possibilité de lâcher prise et de réaliser un fantasme. Je trouve d’ailleurs que le dominant est celui qui subit le plus de contraintes dans la relation (responsable de l'autre et de sa sécurité, obligation d'être à son écoute de l’autre).
Comment puis-je être soumis si je demande moi-même à finir saucissonné, à me tortiller et à couiner ?
Je n’y vois ni domination ni soumission, juste un jeu. Une partie de plaisir, un échange donnant-donnant lors duquel les deux partenaires en sortent gagnants.
Mais là encore, tout n’est question qu’interprétation. Il n’y a pas qu’une façon de faire du bondage, il y en a une infinité et c’est ça qui rend cette expérience si riche et si agréable