Chapitre 8
-Grands dieux non !
Le jeune homme était outré et profondément choqué par le comportement de la jeune femme qui se tenait face à lui.
Quelques heures plus tôt, ses compagnons et lui étaient enfin parvenus au royaume du Bondagistan. Depuis lors, les événements avaient pris une tournure bien différente de ce qu'ils avaient vécu jusqu'alors. Tout ce qu'il avait appris pendant sa jeunesse en Angleterre ne lui était désormais plus d'aucune utilité. Comment d'ailleurs un aristocrate Britannique eut-il pu être préparé à affronter la véritable furie qui se tenait devant lui, une longue corde entre les mains ?
-Nous voulons simplement nous restaurer et dormir dans votre auberge... Vous comprenez ? Manger et dormir !
-Tout ce que je comprends c'est que vous êtes un charmant jeune homme... Roucoula la jeune femme avec un accent bondagistanais très prononcé.
-Mais...
-Laissez-moi lui parler. Intervint Saska, tandis que Simon dissimulait mal son sourire.
-Je vous en prie ma chère. Faites donc.
Les deux Bondagistanaises échangèrent alors quelques mots dans leur langue natale. Au bout de quelques instants, un couple un peu plus âgé fit irruption derrière la jeune femme qui les avait accueillis.
-Pardonnez notre fille Kera. Dirent-ils en cœur. Elle se montre toujours très entreprenante avec les beaux jeunes hommes que nous hébergeons.
-Je vois cela... Murmura lord Hartworth.
-Je l'ai moi-même tressée... Expliqua la jeune femme en caressant les brins de sa corde de chanvre. Et j'ai très envie de l'essayer ce soir...
-Mais...
-Il suffit Kera ! Va plutôt préparer trois chambres à ces voyageurs.
-Pardon. Coupa Simon en regardant Saska avec convoitise. Deux chambres.
-Mais ?! Demanda lord William en se retournant.
-Oui, deux chambres. Renchérit la Bondagistanaise.
-Bien... Se résigna-t-il. Deux chambres.
-C'est mieux. Répliqua la fille des aubergistes. Nous aurons plus de temps pour apprendre à nous connaître...
-Il suffit Kera ! Le travail d'abord !
La jeune femme baissa la tête avant de s'éloigner, non sans au passage, donner un petit clin d’œil au jeune Anglais.
-Ne me dites pas que toutes les Bondagistanaises se comportent de la même manière ? Demanda lord William avec inquiétude.
-Pas toutes... Répondit Saska. Pas toutes...
-Eh bien ça promet...
Ils suivirent le couple d'aubergistes dans une petite salle à manger, où ils s'assirent autour d'une table en bois. Saska échangea quelques mots avec eux, et ils s'éloignèrent vers la cuisine.
-Que leur avez-vous demandé ?
-D'apporter à boire et à manger. Je meurs de faim. Pas vous ?
-Bonne idée. Espérons que la cuisine locale ne soit pas immangeable...
-Drôle de question, venant d'un Anglais...
-Pardon ?
-Non, rien, vous ne pouvez pas comprendre...
Au bout d'une dizaine de minutes, l'homme et la femme revinrent munis d'une grande bouteille et de trois assiettes fumantes.
-Merci.
Les deux aubergistes inclinèrent la tête avec respect avant d'entamer la discussion.
-Vous venez dans notre pays pour affaires ?
-En quelque sorte... Répondit Simon. Nous cherchons quelque chose de rare et de précieux.
-De l'or ? De la soie ? De l'ivoire ?
-Non, quelque chose de bien plus spécifique...
-Une jeune femme rousse, une jeune femme aux cheveux de feu.
L'homme et la femme esquissèrent un léger mouvement de recul. Visiblement la requête des deux Anglais les avait troublés.
-Nous ne comprenons pas... Répondirent-ils.
-Une Britannique, comme nous...
-Il n'y a pas de femme aux cheveux de feu dans notre pays, vous devez faire erreur... Et puis, nous devons vous laisser, nous avons beaucoup de travail, beaucoup de clients...
-Mais, nous sommes vos seuls clients, il n'y a personne d'autre...
-Beaucoup de travail... Beaucoup de travail... Marmonnèrent-ils en s'éloignant.
-Ils en savent plus qu'ils ne veulent bien nous le dire... Commença lord Hartworth.
-Quelle brillante déduction ! S'exclama Saska, non sans ironie.
-Qu'allons-nous faire ? Nous aurons du mal à les faire parler...
-Leur fille. Intervint Simon. S'ils savent quelque chose, elle aussi.
-Tout juste.
-Mais comment la convaincre ?
-Eh bien mon cher, je pense que vous êtes le mieux placé parmi nous trois pour en tirer quelque chose... Mais vous devrez certainement payer de votre personne...
-Hors de question ! Protesta le jeune gentleman. Cette folle furieuse ne m'attirera pas dans son jeu.
-Si vous le dites...
Une demi-heure plus tard, après avoir terminé leur repas, ils montèrent vers les deux chambres qui leur étaient octroyées.
-Bonne nuit lord William.
-Bonne nuit Saska, bonne nuit Simon.
Le jeune homme s'enferma alors dans sa minuscule mansarde et tomba rapidement dans les bras de Morphée, ceci malgré les grincements frénétiques provenant de la pièce adjacente.
-Mais, qu'est ce que ?!
Lord Hartworth se redressa brusquement. Il n'était pas seul dans son lit.
-Chut. Murmura une petite voix.
La voix de Kera.
-Sortez de là immédiatement ! Ordonna-t-il tandis que les premiers rayons du soleil perçaient doucement à travers les rideaux de sa chambre.
-Bien... Bien... Ce que vous pouvez être vexant... Soupira-t-elle en quittant lentement sa couche.
-Mais, vous êtes...
-Entièrement nue...
-Grands dieux ! Mettez quelque chose bon sang. Dit-il en se couvrant les yeux.
La jeune femme attrapa alors un drap pour cacher tant bien que mal ses attributs.
-Je ne suis pas à votre goût ?
-Si... Enfin non... Enfin oui plutôt... Bredouilla le jeune homme. Mais là n'est pas la question.
-Vous n'avez aucun pendentif. Dit-elle en désignant le torse du jeune homme. Et moi je n'ai pas de collier...
-Mais... Cela ne marche pas comme ça.
-Pourtant si... Minauda-t-elle.
-Pas dans mon pays...
-Nous ne sommes pas dans votre pays.
-Mon cœur est déjà pris...
-La fille aux cheveux de feu c'est cela ?
Lord William la fixa droit dans les yeux. Décidément les Bondagistanaises avaient le don de percer à jour ses sentiments.
-Oui, en effet. C'est elle que je recherche. Qu'est ce que vous savez à son sujet ?
-Qu'est ce qui vous fait croire que je sais quelque chose ?
-Vos parents mentent très mal Kera.
-Je sais effectivement quelque chose... Commença-t-elle avant de se raviser et de dévisager le jeune homme avec un sourire coquin.
-Je n'aime pas ce regard...
-Quel regard ?
La fille des aubergistes laissa alors tomber son drap.
-Oups ! S'exclama-t-elle en rougissant. Je vais devoir me baisser pour le ramasser...
-Je ne rentrerai pas dans votre jeu. Protesta lord Hartworth.
-Oh si... Sinon je ne vous dirai pas ce que je sais...
-Parlez !
-Oh non... Il va falloir m'attacher d'abord... Et solidement, sinon...
-Sinon quoi ?
-Sinon je crie. Menaça-t-elle. Mes parents sont des gens paisibles, mais nul doute qu'ils défendraient leur fille si elle se faisait attaquer...
-C'est du chantage !
-Quel vilain mot... Mais venez plutôt me ligoter... Avant que je ne change d'avis.
La balle était dorénavant dans le camp du jeune lord. Si il voulait apprendre ce que Kera lui cachait il avait devoir donner de sa personne. Exactement comme Simon le lui avait dit la veille.
-Eh bien soit. Mais ensuite vous répondrez à toutes mes questions, d'accord ?
-Bien sûr charmant étranger. Promit la jeune femme en lui tendant sa longue corde de chanvre.
Durant de longues minutes, le gentleman s'employa donc, du mieux qu'il le pouvait, à attacher la belle furie pour qu'elle lui avoue ses secrets. Il commença par lier ses poignets et ses bras dans son dos, avant de relier la corde à ses chevilles.
-C'est très tendu... Mais j'aime ça. Pour un étranger vous êtes doué.
-Je suppose que je dois prendre cela pour un compliment.
-En effet... Dommage tout de même que vous n'ayez pas choisi une position plus audacieuse...
-La faute à votre nudité.
-Est ce bien là une si grande faute ?
-Répondez plutôt à ma question. Demanda le lord avec impatience.
-Décidément je vous trouve agaçant mon cher. A votre place je profiterais plutôt de la situation. Je suis entièrement à votre merci, littéralement offerte et impudique...
-Répondez à ma question... Sinon...
-Sinon quoi ? Nargua-telle.
Le jeune homme attrapa violemment ses longs cheveux noirs.
-Répondez à ma question.
-C'est mieux... Beaucoup mieux...
-Avez-vous vu la fille aux cheveux de feu ?
-Non.
-Non ?
-Non, je ne l'ai pas vue.
-Mais... Je ne comprends pas...
-J'ai dit que je savais quelque chose... Pas que je l'avais vue. Nuance.
-Alors qu'est ce que vous savez ?
-Je sais où elle est sûrement.
-C'est déjà un bon début. Alors où ?
-A Bondagia, notre capitale. Dans le palais du Roi.
-Le palais du Roi ?
-Oui. Notre Roi est féru d'exotisme et de belles femmes. Si votre amie est bien dans notre pays, il y a de très grandes chances qu'elle soit dans son harem.
-Son harem ?! Grands Dieux.
-Voilà, je n'en sais pas plus...
Toc, toc, toc.
Lord Hartworth se retourna brusquement vers la porte de sa chambre.
Qui pouvait bien frapper à cette heure matinale ? Saska et Simon ? Ou bien les aubergistes ?
Pris d'une impulsion soudaine, il plaqua sa main sur les lèvres de sa prisonnière.
-Mmmh... Gémit-elle doucement.
-Qui est-ce ? Demanda le jeune homme avec anxiété.
-C'est nous. Annonça la voix de Simon.
-Entrez. Répondit lord William avec soulagement.
Ses deux compagnons poussèrent la porte et pénétrèrent dans la pièce.
-Je vois que l'on ne s'ennuie pas... Commenta Saska.
-Veuillez cesser vos insinuations. Je n'avais pas d'autre choix.
-Je vois ça...
-Sachez ma chère que j'ai réussi à la faire parler.
-Et ?
-Lady Mary a vraisemblablement été emmenée dans le harem du Roi de ce pays de barbares.
-Bien, j'imagine donc que nous devons continuer notre route jusqu'à la capitale...
-Tout juste.
-Et elle ? Demanda le jeune lord, la main toujours fermement posée sur la bouche de Kera. Il est certainement préférable que ses parents n'apprennent pas ce qu'il s'est passé ici...
-Pas avant que nous partions du moins...
-Mmmh... Se plaignit alors la jeune femme, désormais consciente que les trois voyageurs ne comptaient pas la libérer.
-J'ai mon idée... Déclara Saska en déchirant un pan de tissu du drap posé au sol.
Un quart d'heure plus tard, le bâillon de fortune étouffait les cris et les protestations de la furie, pendant qu'au rez de chaussée, le lord et ses deux amis payaient le couple d'aubergistes, en expliquant, bon gré mal gré, qu'ils n'avaient pas vu leur fille depuis la veille. Puis, sans laisser le temps à l'homme et à la femme d'en apprendre davantage, ils reprirent résolument leur route vers la capitale, vers le palais et le harem du Roi.
A suivre...
Bouya2 a écrit :Enfin le roi. Et bien sûr le maître bondageur absolument incontournable et prometteur. Bref de jolis bondages en perspective.
J'avoue que le magicien me trouble de plus en plus. Dans quelle mesure sait-il que ce qu'il fait est mal pour Mary, s'il n'est pas absolument persuadé que c'est pour son bien, et dans quelle mesure est-il simplement égoïste ?
Harajuku a écrit :Oh ! le prochain chapitre promet d'être intéressant !
Je me demande ce que ces nouveaux personnages vont faire subir à Lady Mary.

Bientôt la suite, ne vous inquiétez pas
