Ne pas déranger
Publié : 02 mars 2016, 16:21
Les deux femmes de chambres étaient là sur le balcon au niveau de l'escalier de secours du quatrième étage. Elles venaient de passer deux heures - un peu moins en fait - à nettoyer et remettre en ordre les chambres. L'une fumait sa cigarette pendant que l'autre sirotait une tasse de café brûlant profitant du soleil et de leur première pause de la matinée.
- Il t’en reste beaucoup à faire, Fanny?
- Une dizaine je crois, j’ai dû en faire la moitié. Et toi?
- Pareil. Un peu moins.
- Dis-moi... tu as fait la 411 dernièrement?
- Attends... La semaine dernière, je crois. C’est plus ton côté ça. Pourquoi?
L’air mystérieuse, Fanny commence à regarder autour d’elles, vérifiant que personne ne traîne aux alentours. Elle se rapproche de sa collègue.
- Et bien, hier, je l’ai faite. Tu ne devineras jamais ce que j’ai trouvé dedans.
Carole ouvre grand les yeux, et les oreilles aussi, prête à des révélations.
- Quoi? Allez, dis.
- Patiente. Je te raconte... Il était dans les onze heures moins le quart, onze heures. J’ai frappé, comme d’habitude. Personne n’a répondu. Donc je suis entrée pour faire la chambre. Il faisait tout sombre, volets fermés et rideaux tirés mais je pouvais quand même voir un peu avec la porte ouverte. D’abord, j’ai voulu aller ouvrir les fenêtres mais à peine j’avais fait un pas que j’ai marché sur quelque chose, juste dans l’entrée. Et devine quoi? Une corde. Une longue corde toute blanche.
Amusée, Carole pouffe de rire.
- Et une paire de menottes aussi. Bon, les menottes, c’est pas la première fois. Tu te rappelles des jeunes mariés le mois dernier?
- Oh que oui! Les petits coquins...
- Mais des cordes, jamais. J’ai avancé jusqu’à la fenêtre en faisant attention, dès fois qu’il y en ait eu d’autres à traîner par terre, j’ai tiré les rideaux et puis j’ai ouvert les volets. Ca me semblait bien mieux comme ça. Et là...
- Quoi?!?
- J’ai trouvé le mari attaché sur une chaise à côté du bureau. Mais attaché sérieusement! Il était habillé, un jean, une chemise blanche, les bras dans le dos, les poignets croisés et attachés ensemble. Attachés au dossier de la chaise aussi. Il y avait une corde qui faisait tout le tour de sa poitrine. Une autre qui lui passait sur le ventre nouée dans le dos. Et ça avait l’air serré, tu peux me croire. Pieds nus, les chevilles attachées aux pieds de la chaise. Et puis les genoux attachés ensemble avec une autre corde. Tout tordu qu’il avait l’air!
- Non?!
- Si!
- Et qu’est-ce qu’il a dit quand il t’a vue?
- Rien: il avait les yeux bandés, il ne pouvait pas me voir. Enfin si, il a fait ’MMmmm MMmm’, ah! oui, j’oubliais, il était bâillonné. De l’adhésif noir collé en travers de la bouche. Avec ça, il n’était pas prêt d’appeler au secours. Et donc comme je te disais, un long foulard tout blanc pour lui bander les yeux. Du coup, il ne m’a même pas vu arriver, il est resté tout calme. Moi, je dois dire que j’ai un peu paniqué. J’ai cru qu’il venait de se faire cambrioler dans sa chambre. Je me suis précipitée vers lui en me disant qu’il fallait le détacher, mais je savais à peine par où commencer. J’ai tourné autour de lui au final pour lui délier les mains, mais impossible. Les noeuds, ils étaient trop compliqués et trop serrés, je n’y arrivais pas. Il continuait de faire ‘MMmmphphpfff’ alors j’ai défait son bandeau. Tu aurais vu la tête qu’il a fait! Il s’est mis à se débattre, enfin c’est ce que j’ai cru, à secouer la tête à droite et à gauche en me regardant avec les yeux grands ouverts. ‘Attendez, je vais vous enlevez ça’, je lui ai dit et je lui ai arraché le scotch en tirant d’un coup sec. Et ben devine quoi? Il avait en plus une petite culotte enfoncée dans la bouche, roulée en boule. J’ai dû la retirer moi-même avec le bout des doigts, beuhhhh, pleine de salive, avant qu’il ne puisse parler.
<<
- Mademoiselle, non, s’il vous plaît, arrêtez...
- Ne vous inquiétez pas, Monsieur, je vais vous détacher et appeler la sécurité de l’hôtel. Oh mon Dieu! Mais qui vous a fait ça? Vous n’êtes pas blessé au moins?
>>
- Je me suis arrêté un instant, parce que j’avais du mal à y croire. Il est fou ou quoi? Mais il a insisté: il disait que c’était une sorte de jeu avec sa femme, que c’est elle qui l’avait attaché. Et il voulait que je lui remette le bandeau et le bâillon. Il disait aussi que normalement sa femme avait dû accrocher le panneau ‘ne pas déranger’ sur la porte, désolé s’ils m’avaient choquée. On a vu bien pire, hein Carole? Et puis avec tous les jeunes qui traînent dans les couloirs, je parie qu’il y en a un qui s’est amusé à décrocher le panneau... Bref, le petit monsieur, je lui ai ramassé sa culotte toute trempée, je l’ai enfoncée dans sa bouche et je lui ai collé le sotch sur les lèvres sans qu’il ne dise rien. Et ensuite le bandeau sur les yeux. C’était bizarre, il est resté si calme, il avait l’air soulagé que je le bâillonne.
- Et puis?
- Et puis quoi? J’ai fait la chambre, le lit, la salle de bain, les poubelles, comme d’habitude. Je suis sortie et j’ai continué. Quoi que... deux chambres plus loin, je l’ai aperçue, sa femme je veux dire, qui revenait. Une belle femme ma foi. J’étais dans le couloir. Elle est rentrée dans leur chambre et je l’ai vue repasser la tête dans le couloir. Tu venais de finir la 418. Elle nous a regardées toutes les deux et puis elle a refermé sa porte...
- Il t’en reste beaucoup à faire, Fanny?
- Une dizaine je crois, j’ai dû en faire la moitié. Et toi?
- Pareil. Un peu moins.
- Dis-moi... tu as fait la 411 dernièrement?
- Attends... La semaine dernière, je crois. C’est plus ton côté ça. Pourquoi?
L’air mystérieuse, Fanny commence à regarder autour d’elles, vérifiant que personne ne traîne aux alentours. Elle se rapproche de sa collègue.
- Et bien, hier, je l’ai faite. Tu ne devineras jamais ce que j’ai trouvé dedans.
Carole ouvre grand les yeux, et les oreilles aussi, prête à des révélations.
- Quoi? Allez, dis.
- Patiente. Je te raconte... Il était dans les onze heures moins le quart, onze heures. J’ai frappé, comme d’habitude. Personne n’a répondu. Donc je suis entrée pour faire la chambre. Il faisait tout sombre, volets fermés et rideaux tirés mais je pouvais quand même voir un peu avec la porte ouverte. D’abord, j’ai voulu aller ouvrir les fenêtres mais à peine j’avais fait un pas que j’ai marché sur quelque chose, juste dans l’entrée. Et devine quoi? Une corde. Une longue corde toute blanche.
Amusée, Carole pouffe de rire.
- Et une paire de menottes aussi. Bon, les menottes, c’est pas la première fois. Tu te rappelles des jeunes mariés le mois dernier?
- Oh que oui! Les petits coquins...
- Mais des cordes, jamais. J’ai avancé jusqu’à la fenêtre en faisant attention, dès fois qu’il y en ait eu d’autres à traîner par terre, j’ai tiré les rideaux et puis j’ai ouvert les volets. Ca me semblait bien mieux comme ça. Et là...
- Quoi?!?
- J’ai trouvé le mari attaché sur une chaise à côté du bureau. Mais attaché sérieusement! Il était habillé, un jean, une chemise blanche, les bras dans le dos, les poignets croisés et attachés ensemble. Attachés au dossier de la chaise aussi. Il y avait une corde qui faisait tout le tour de sa poitrine. Une autre qui lui passait sur le ventre nouée dans le dos. Et ça avait l’air serré, tu peux me croire. Pieds nus, les chevilles attachées aux pieds de la chaise. Et puis les genoux attachés ensemble avec une autre corde. Tout tordu qu’il avait l’air!
- Non?!
- Si!
- Et qu’est-ce qu’il a dit quand il t’a vue?
- Rien: il avait les yeux bandés, il ne pouvait pas me voir. Enfin si, il a fait ’MMmmm MMmm’, ah! oui, j’oubliais, il était bâillonné. De l’adhésif noir collé en travers de la bouche. Avec ça, il n’était pas prêt d’appeler au secours. Et donc comme je te disais, un long foulard tout blanc pour lui bander les yeux. Du coup, il ne m’a même pas vu arriver, il est resté tout calme. Moi, je dois dire que j’ai un peu paniqué. J’ai cru qu’il venait de se faire cambrioler dans sa chambre. Je me suis précipitée vers lui en me disant qu’il fallait le détacher, mais je savais à peine par où commencer. J’ai tourné autour de lui au final pour lui délier les mains, mais impossible. Les noeuds, ils étaient trop compliqués et trop serrés, je n’y arrivais pas. Il continuait de faire ‘MMmmphphpfff’ alors j’ai défait son bandeau. Tu aurais vu la tête qu’il a fait! Il s’est mis à se débattre, enfin c’est ce que j’ai cru, à secouer la tête à droite et à gauche en me regardant avec les yeux grands ouverts. ‘Attendez, je vais vous enlevez ça’, je lui ai dit et je lui ai arraché le scotch en tirant d’un coup sec. Et ben devine quoi? Il avait en plus une petite culotte enfoncée dans la bouche, roulée en boule. J’ai dû la retirer moi-même avec le bout des doigts, beuhhhh, pleine de salive, avant qu’il ne puisse parler.
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- Mademoiselle, non, s’il vous plaît, arrêtez...
- Ne vous inquiétez pas, Monsieur, je vais vous détacher et appeler la sécurité de l’hôtel. Oh mon Dieu! Mais qui vous a fait ça? Vous n’êtes pas blessé au moins?
>>
- Je me suis arrêté un instant, parce que j’avais du mal à y croire. Il est fou ou quoi? Mais il a insisté: il disait que c’était une sorte de jeu avec sa femme, que c’est elle qui l’avait attaché. Et il voulait que je lui remette le bandeau et le bâillon. Il disait aussi que normalement sa femme avait dû accrocher le panneau ‘ne pas déranger’ sur la porte, désolé s’ils m’avaient choquée. On a vu bien pire, hein Carole? Et puis avec tous les jeunes qui traînent dans les couloirs, je parie qu’il y en a un qui s’est amusé à décrocher le panneau... Bref, le petit monsieur, je lui ai ramassé sa culotte toute trempée, je l’ai enfoncée dans sa bouche et je lui ai collé le sotch sur les lèvres sans qu’il ne dise rien. Et ensuite le bandeau sur les yeux. C’était bizarre, il est resté si calme, il avait l’air soulagé que je le bâillonne.
- Et puis?
- Et puis quoi? J’ai fait la chambre, le lit, la salle de bain, les poubelles, comme d’habitude. Je suis sortie et j’ai continué. Quoi que... deux chambres plus loin, je l’ai aperçue, sa femme je veux dire, qui revenait. Une belle femme ma foi. J’étais dans le couloir. Elle est rentrée dans leur chambre et je l’ai vue repasser la tête dans le couloir. Tu venais de finir la 418. Elle nous a regardées toutes les deux et puis elle a refermé sa porte...