Promenons-nous dans les bois
Publié : 12 juin 2019, 14:19
Il y avait des travaux près du moulin en amont du Val Ombreux depuis un mois environ. Ca ne m'avait pas empêché de faire ma marche d'une heure tous les deux ou trois jours mais juste un petit détour sur trois cent mètres hors du sentier à travers les arbres. Je perdais de vue la rivière pendant quelques minutes et me rapprochais d'une route, j'ignorais laquelle, que je ne pouvais qu'entendre, pas voir. De vagues camions au loin, des voitures surtout mais assez peu. Ce devait être une petite départementale, c'est ce que je me suis dit.
C'est justement une de ces voitures qui attira mon attention. J'étais au plus loin du canal pour éviter le chantier quand j'aperçus cette grosse berline noire arriver presque au ralenti et se garer là quelque part. Je compris qu'il y avait là comme une aire de stationnement, un paradis pour commerciaux itinérants qui ont besoin de se soulager. Mais ce n'était pas pour ça que celle-ci s'arrêtait.
Une femme descendit en premier, côté conducteur, suivie par le passager, un homme dans la trentaine, bien habillé, bien coiffé. Costume sombre et chaussures impeccables. Elle était quant à elle vêtue de leggings noirs, un haut blanc moulant sans manche et qui lui faisait le tour du cou, perchée sur des chaussures grises à gros talons. Je lui aurais donné la quarantaine vu de loin. Malgré ses cheveux blonds tirés en arrière dans un minuscule chignon, elle avait un air sophistiqué, très sophistiqué.
Lentement ils se dirigèrent à l'arrière de la voiture et elle ouvrit le coffre. Souriante. Elle y plongea le bras pour en sortir un rouleau d'adhésif gris avec lequel je la vis jouer quelques instants dans sa main comme un trophée, toute fière de l'avoir, et le tendre à l'homme qui l'accompagnait. A peine s'en était-il saisi qu'elle se retourna et mis ses mains dans le dos. Il commença alors à lui attacher les poignets, déroulant l'adhésif tout autour plus que de raison sans qu'elle essaye de l'en empêcher. Cela fait, il la repoussa contre le bord du coffre encore ouvert et s'agenouilla sans lâcher son rouleau d'adhésif afin de lui attacher les chevilles un peu de la même manière, sans compter sur le nombre de tours. La pauvre ne pouvait plus s'échapper, c'est sûr, mais ça ne lui suffisait pas: il lui attacha aussi les genoux et les cuisses.
Ca pouvait ressembler à un kidnapping cependant l'air ravi de la femme disait tout autre chose. Quel jeu étrange! J'aurais voulu être un peu plus près mais je n'osais pas bouger, qu'on ne me voie pas ni ne m'entende.
Il se releva, droit devant elle. Ni l'un ni l'autre ne semblait parler mais ils se regardaient de très près. Sur le point de l'embrasser. Mais elle détourna la tête. Je le vis alors découper un morceaux d'adhésif de 30cm et en le tenant à deux mains l'appliquer fortement sur sa bouche sans qu'elle puisse rien y faire. Il avait jeté le rouleau dans le coffre et maintenant il s'apprêtait à l'y déposer elle, en la soulevant comme si elle ne pesait rien mais surtout sans se débattre, et referma le coffre.
Je restais sidéré dans mon sous-bois et le temps de reprendre mes esprits, il était remonté dans la voiture, au volant cette fois, et quittait l'aire lentement. Et je dois dire qu'il me fallu plus de temps que d'habitude pour finir ma promenade.
Bien sûr, je fis en sorte de repasser au même endroit deux jours plus tard, à la même heure, dans l'espoir qu'ils reviendraient. Malheureusement, après vingt minutes d'attente au milieu des arbres, pas un chat, à vrai dire pas même une voiture à passer de près ou de loin. Qu'est-ce que je m'étais imaginé?
Je repris donc mes habitudes, au moins dans ma tête, la marche m'aérait beaucoup la tête après mes longues journées enfermé au bureau à lancer mes ordres à droite et à gauche, et je ne prenais plus de montre avec moi pour ne pas être tenté d'attendre dans le sous-bois.
C'est quinze jours plus tard que la berline noire reparut au même endroit. La même femme au volant mais cette fois accompagnée d'une autre femme. La première, la blonde, portait les mêmes leggings mais cette fois des bottes marrons à gros talons qui montaient presque jusqu'au genou et un haut noir très serré, avec de longues manches cette fois, qui mettait en valeur sa poitrine. L'autre était brune, à peu près la même taille, les cheveux très courts. Elle portait une robe grise à manches courtes et un col claudine qui tombait au niveau de ses genoux. Elégante, un peu chic! Avec des chaussures ouvertes à tout petit talon. Très chic en fait!
Comme je m'y attendais, elles se dirigèrent à l'arrière de la voiture. La femme blonde ouvrit le coffre mais l'autre lui prit la main avant qu'elle ne puisse attraper quoi que ce soit, c'est ce qu'il m'avait semblé. Elle libéra sa main pour lui caresser la joue doucement, approchant ses lèvres du visage de la brunette, et alors qu'elle allait l'embrasser lui enfonça un chiffon roulé en boule dans la bouche, gardant la paume de sa main appuyée dessus pour qu'elle ne puisse pas le recracher.
Je doute qu'elle en ait eu envie: elle aurait pu reculer ou la repousser puisqu'elle avait les mains libres, elle n'en fit rien, se laissant bâillonner par un foulard noué par dessus, proposant même ses poignets croisés devant elle pour être attachés avec une longue corde. Suffisamment longue pour ensuite faire le tour de sa taille plusieurs fois avant d'y faire un noeud serré énergiquement juste devant le nombril. L'ayant appuyée contre le rebord du coffre, la blonde entreprit ensuite de lui ligoter les chevilles puis la fit basculer à l'intérieur, pleine d'attention et de délicatesse.
De là où j'étais caché, je manquais quelques détail, si seulement j'avais pu m'approcher... Heureusement, je n'en fis rien: alors qu'elle avait refermé le coffre et s'apprêtait à remonter dans la voiture, une branche tomba derrière moi, le genre de bruit qu'on entend souvent en forêt, mais là assez fort pour attirer l'attention. Portière ouverte, elle se figea, tourna la tête dans ma direction, scrutant le sous-bois du regard. Je cessai de respirer, espérant qu'elle ne me verrait pas, jusqu'à ce qu'elle remonte enfin dans sa voiture et reparte.
Ce jour-là, je terminai ma marche plus vite qu'à l'accoutumée, l'esprit embrouillé par un mélange de peur, d'excitation et de questions diverses.
Le surlendemain, je me trouvai un excuse pour ne pas aller marcher. Pourtant je n'avais pas cessé de penser à cette scène étrange. Y aller, ne pas y aller. Passée l'heure fatidique, j'étais toujours chez moi et je regrettais d'y être resté.
Alors la semaine suivante, je repris le même chemin, même heure. Le temps était encore plus beau, une marche des plus agréables. Je croisai un homme qui promenait son chien, au début de mon parcours et puis plus personne. Comme j'arrivais près du sous-bois où je comptais attendre - de les attendre devrais-je dire - mon pouls s'accéléra et le sang se mit à battre très fort dans mes oreilles.
Et puis... Mince! Pas un bruit mais la voiture était déjà là, moteur arrêté, avec Monica, la femme brune aux cheveux courts, qui attendait appuyée sur le capot - j'allais apprendre son prénom plus tard ce jour-là - seule. Elle portait un imperméable ciré noir et brillant, curieuse tenue par ce beau temps, perchée sur des chaussures à talons pointus, un genre de sandales puisqu'il laissait son pied tout découvert et tenu par une lanière autour de la cheville, une autre par dessus les orteils. Lucie, la femme blonde, manquait, pourtant c'était toujours la même voiture. Ou bien j'étais arrivé trop tard: peut-être était-elle déjà ligotée et bâillonnée au fond du coffre et Monica faisait durer le plaisir...
J'en étais presque déçu. Et...
- Vous, là!
L'injonction venait de ma gauche, à l'opposé de là où je regardais. C'était Lucie, jeans moulant, des bottes qui montaient jusqu'en haut du mollet, un chemisier en satin, et c'est à moi qu'elle s'adressait.
- Oui, vous! Il n'y a personne d'autre. Approchez un peu.
Je... Pris la main dans le pot de confiture. Que dire d'autre? Techniquement, je n'avais rien fait de mal et j'arrivais tout juste. Même pas voyeur puisqu'il ne s'était rien passé. A priori. Alors je m'approchai. Pendant qu'elle rejoignait sa voiture.
- Alors?
- Je vous demande pardon?
- Allons, allons. Pas de ça. C'est vous qui étiez là la semaine dernière, n'est-ce pas? On aime se rincer l'oeil? Vous avez aimé j'espère.
- Je...
- Tu vois Monica, je te l'avais dit.
Monica s'était relevée du capot. Elle s'approchait tout doucement d'un air neutre, ni fâchée ni souriante.
- Alors?
Je tournais la tête de l'une à l'autre, sans savoir quoi faire ou quoi dire.
- Oui... Oui.
- Oui quoi?
- Et bien, je passe par le chemin là-haut très souvent - je le montrai du doigt - et en effet, je vous ai vues la semaine dernière.
Elle s'était rapprochée, vraiment très près, la voix un peu plus posée. Et encore plus près:
- Ca vous a plus? Elle est belle n'est-ce pas?
Oh, plus belle l'une que l'autre pour tout dire. Si un seul mot pouvait encore sortir de ma bouche. J'étais hypnotisé littéralement, incapable de sentir son amie se rapprocher dans mon dos, juste alerté par un clignement d'oeil alors qu'elle - Lucie - avait sorti de je ne sais où un rouleau d'adhésif toilé qui avait bien servi tellement il en restait peu qu'elle commençait à gratter du bout de l'ongle. Monica me tira les bras dans le dos avant que je puisse comprendre et réagir et me menotta les poignets.
- Mais... Attendez, qu...
Pas le temps de finir ma phrase: un long morceau d'adhésif vint se coller sur ma bouche, tenu fermement à deux mains, et sur mes joues, et les mains délicates de Lucie appuyées pour le lisser proprement. Probablement pas aussi lisse qu'elle l'aurait voulu puisque je le sentais rentrer légèrement sur mes lèvres, et le goût de la colle.
- Taisez-vous!
Quant aux menottes... Je n'avais jamais été menotté jusqu'alors et surtout pas avec ça: on a tous vu ces films américains avec des menottes métalliques toutes fines et reliées par une chaîne. Celles-là étaient différentes: métalliques aussi, mais relativement épaisses et lourdes. Pas de chaînette mais une grosse charnière centrale qui tenait les deux bracelets; ça, je ne l'ai vu que lorsqu'on met les a enlevées, bien plus tard. Ce que je peux dire sur l'instant, c'est qu'elles me laissaient une sensation très bizarre, très contraignante sans être douloureuse.
Sauf une fois enfermé dans le coffre. Elles me rentraient dans le dos et ce n'est qu'après m'être tourné sur le côté que j'ai pu trouver une position confortable, si l'on peut dire. Elles étaient deux à me manipuler si bien que je ne pus pas vraiment résister mais très attentionnées, très précises.
- Ne vous inquiétez pas: ce n'est que pour s'amuser. N'est-ce pas ma chérie?
Et le coffre s'est refermé. Rouvert aussitôt juste deux secondes pour que Lucie puisse attraper quelques cordes et autres accessoires qui traînaient là.
C'est justement une de ces voitures qui attira mon attention. J'étais au plus loin du canal pour éviter le chantier quand j'aperçus cette grosse berline noire arriver presque au ralenti et se garer là quelque part. Je compris qu'il y avait là comme une aire de stationnement, un paradis pour commerciaux itinérants qui ont besoin de se soulager. Mais ce n'était pas pour ça que celle-ci s'arrêtait.
Une femme descendit en premier, côté conducteur, suivie par le passager, un homme dans la trentaine, bien habillé, bien coiffé. Costume sombre et chaussures impeccables. Elle était quant à elle vêtue de leggings noirs, un haut blanc moulant sans manche et qui lui faisait le tour du cou, perchée sur des chaussures grises à gros talons. Je lui aurais donné la quarantaine vu de loin. Malgré ses cheveux blonds tirés en arrière dans un minuscule chignon, elle avait un air sophistiqué, très sophistiqué.
Lentement ils se dirigèrent à l'arrière de la voiture et elle ouvrit le coffre. Souriante. Elle y plongea le bras pour en sortir un rouleau d'adhésif gris avec lequel je la vis jouer quelques instants dans sa main comme un trophée, toute fière de l'avoir, et le tendre à l'homme qui l'accompagnait. A peine s'en était-il saisi qu'elle se retourna et mis ses mains dans le dos. Il commença alors à lui attacher les poignets, déroulant l'adhésif tout autour plus que de raison sans qu'elle essaye de l'en empêcher. Cela fait, il la repoussa contre le bord du coffre encore ouvert et s'agenouilla sans lâcher son rouleau d'adhésif afin de lui attacher les chevilles un peu de la même manière, sans compter sur le nombre de tours. La pauvre ne pouvait plus s'échapper, c'est sûr, mais ça ne lui suffisait pas: il lui attacha aussi les genoux et les cuisses.
Ca pouvait ressembler à un kidnapping cependant l'air ravi de la femme disait tout autre chose. Quel jeu étrange! J'aurais voulu être un peu plus près mais je n'osais pas bouger, qu'on ne me voie pas ni ne m'entende.
Il se releva, droit devant elle. Ni l'un ni l'autre ne semblait parler mais ils se regardaient de très près. Sur le point de l'embrasser. Mais elle détourna la tête. Je le vis alors découper un morceaux d'adhésif de 30cm et en le tenant à deux mains l'appliquer fortement sur sa bouche sans qu'elle puisse rien y faire. Il avait jeté le rouleau dans le coffre et maintenant il s'apprêtait à l'y déposer elle, en la soulevant comme si elle ne pesait rien mais surtout sans se débattre, et referma le coffre.
Je restais sidéré dans mon sous-bois et le temps de reprendre mes esprits, il était remonté dans la voiture, au volant cette fois, et quittait l'aire lentement. Et je dois dire qu'il me fallu plus de temps que d'habitude pour finir ma promenade.
Bien sûr, je fis en sorte de repasser au même endroit deux jours plus tard, à la même heure, dans l'espoir qu'ils reviendraient. Malheureusement, après vingt minutes d'attente au milieu des arbres, pas un chat, à vrai dire pas même une voiture à passer de près ou de loin. Qu'est-ce que je m'étais imaginé?
Je repris donc mes habitudes, au moins dans ma tête, la marche m'aérait beaucoup la tête après mes longues journées enfermé au bureau à lancer mes ordres à droite et à gauche, et je ne prenais plus de montre avec moi pour ne pas être tenté d'attendre dans le sous-bois.
C'est quinze jours plus tard que la berline noire reparut au même endroit. La même femme au volant mais cette fois accompagnée d'une autre femme. La première, la blonde, portait les mêmes leggings mais cette fois des bottes marrons à gros talons qui montaient presque jusqu'au genou et un haut noir très serré, avec de longues manches cette fois, qui mettait en valeur sa poitrine. L'autre était brune, à peu près la même taille, les cheveux très courts. Elle portait une robe grise à manches courtes et un col claudine qui tombait au niveau de ses genoux. Elégante, un peu chic! Avec des chaussures ouvertes à tout petit talon. Très chic en fait!
Comme je m'y attendais, elles se dirigèrent à l'arrière de la voiture. La femme blonde ouvrit le coffre mais l'autre lui prit la main avant qu'elle ne puisse attraper quoi que ce soit, c'est ce qu'il m'avait semblé. Elle libéra sa main pour lui caresser la joue doucement, approchant ses lèvres du visage de la brunette, et alors qu'elle allait l'embrasser lui enfonça un chiffon roulé en boule dans la bouche, gardant la paume de sa main appuyée dessus pour qu'elle ne puisse pas le recracher.
Je doute qu'elle en ait eu envie: elle aurait pu reculer ou la repousser puisqu'elle avait les mains libres, elle n'en fit rien, se laissant bâillonner par un foulard noué par dessus, proposant même ses poignets croisés devant elle pour être attachés avec une longue corde. Suffisamment longue pour ensuite faire le tour de sa taille plusieurs fois avant d'y faire un noeud serré énergiquement juste devant le nombril. L'ayant appuyée contre le rebord du coffre, la blonde entreprit ensuite de lui ligoter les chevilles puis la fit basculer à l'intérieur, pleine d'attention et de délicatesse.
De là où j'étais caché, je manquais quelques détail, si seulement j'avais pu m'approcher... Heureusement, je n'en fis rien: alors qu'elle avait refermé le coffre et s'apprêtait à remonter dans la voiture, une branche tomba derrière moi, le genre de bruit qu'on entend souvent en forêt, mais là assez fort pour attirer l'attention. Portière ouverte, elle se figea, tourna la tête dans ma direction, scrutant le sous-bois du regard. Je cessai de respirer, espérant qu'elle ne me verrait pas, jusqu'à ce qu'elle remonte enfin dans sa voiture et reparte.
Ce jour-là, je terminai ma marche plus vite qu'à l'accoutumée, l'esprit embrouillé par un mélange de peur, d'excitation et de questions diverses.
Le surlendemain, je me trouvai un excuse pour ne pas aller marcher. Pourtant je n'avais pas cessé de penser à cette scène étrange. Y aller, ne pas y aller. Passée l'heure fatidique, j'étais toujours chez moi et je regrettais d'y être resté.
Alors la semaine suivante, je repris le même chemin, même heure. Le temps était encore plus beau, une marche des plus agréables. Je croisai un homme qui promenait son chien, au début de mon parcours et puis plus personne. Comme j'arrivais près du sous-bois où je comptais attendre - de les attendre devrais-je dire - mon pouls s'accéléra et le sang se mit à battre très fort dans mes oreilles.
Et puis... Mince! Pas un bruit mais la voiture était déjà là, moteur arrêté, avec Monica, la femme brune aux cheveux courts, qui attendait appuyée sur le capot - j'allais apprendre son prénom plus tard ce jour-là - seule. Elle portait un imperméable ciré noir et brillant, curieuse tenue par ce beau temps, perchée sur des chaussures à talons pointus, un genre de sandales puisqu'il laissait son pied tout découvert et tenu par une lanière autour de la cheville, une autre par dessus les orteils. Lucie, la femme blonde, manquait, pourtant c'était toujours la même voiture. Ou bien j'étais arrivé trop tard: peut-être était-elle déjà ligotée et bâillonnée au fond du coffre et Monica faisait durer le plaisir...
J'en étais presque déçu. Et...
- Vous, là!
L'injonction venait de ma gauche, à l'opposé de là où je regardais. C'était Lucie, jeans moulant, des bottes qui montaient jusqu'en haut du mollet, un chemisier en satin, et c'est à moi qu'elle s'adressait.
- Oui, vous! Il n'y a personne d'autre. Approchez un peu.
Je... Pris la main dans le pot de confiture. Que dire d'autre? Techniquement, je n'avais rien fait de mal et j'arrivais tout juste. Même pas voyeur puisqu'il ne s'était rien passé. A priori. Alors je m'approchai. Pendant qu'elle rejoignait sa voiture.
- Alors?
- Je vous demande pardon?
- Allons, allons. Pas de ça. C'est vous qui étiez là la semaine dernière, n'est-ce pas? On aime se rincer l'oeil? Vous avez aimé j'espère.
- Je...
- Tu vois Monica, je te l'avais dit.
Monica s'était relevée du capot. Elle s'approchait tout doucement d'un air neutre, ni fâchée ni souriante.
- Alors?
Je tournais la tête de l'une à l'autre, sans savoir quoi faire ou quoi dire.
- Oui... Oui.
- Oui quoi?
- Et bien, je passe par le chemin là-haut très souvent - je le montrai du doigt - et en effet, je vous ai vues la semaine dernière.
Elle s'était rapprochée, vraiment très près, la voix un peu plus posée. Et encore plus près:
- Ca vous a plus? Elle est belle n'est-ce pas?
Oh, plus belle l'une que l'autre pour tout dire. Si un seul mot pouvait encore sortir de ma bouche. J'étais hypnotisé littéralement, incapable de sentir son amie se rapprocher dans mon dos, juste alerté par un clignement d'oeil alors qu'elle - Lucie - avait sorti de je ne sais où un rouleau d'adhésif toilé qui avait bien servi tellement il en restait peu qu'elle commençait à gratter du bout de l'ongle. Monica me tira les bras dans le dos avant que je puisse comprendre et réagir et me menotta les poignets.
- Mais... Attendez, qu...
Pas le temps de finir ma phrase: un long morceau d'adhésif vint se coller sur ma bouche, tenu fermement à deux mains, et sur mes joues, et les mains délicates de Lucie appuyées pour le lisser proprement. Probablement pas aussi lisse qu'elle l'aurait voulu puisque je le sentais rentrer légèrement sur mes lèvres, et le goût de la colle.
- Taisez-vous!
Quant aux menottes... Je n'avais jamais été menotté jusqu'alors et surtout pas avec ça: on a tous vu ces films américains avec des menottes métalliques toutes fines et reliées par une chaîne. Celles-là étaient différentes: métalliques aussi, mais relativement épaisses et lourdes. Pas de chaînette mais une grosse charnière centrale qui tenait les deux bracelets; ça, je ne l'ai vu que lorsqu'on met les a enlevées, bien plus tard. Ce que je peux dire sur l'instant, c'est qu'elles me laissaient une sensation très bizarre, très contraignante sans être douloureuse.
Sauf une fois enfermé dans le coffre. Elles me rentraient dans le dos et ce n'est qu'après m'être tourné sur le côté que j'ai pu trouver une position confortable, si l'on peut dire. Elles étaient deux à me manipuler si bien que je ne pus pas vraiment résister mais très attentionnées, très précises.
- Ne vous inquiétez pas: ce n'est que pour s'amuser. N'est-ce pas ma chérie?
Et le coffre s'est refermé. Rouvert aussitôt juste deux secondes pour que Lucie puisse attraper quelques cordes et autres accessoires qui traînaient là.