
Chapitre 1
-Du cirque ?! S'exclama-t-elle outrée. Un vulgaire spectacle de cirque ?! Si vous croyez me séduire avec cela, vous vous trompez lourdement lord Hartworth...
Le jeune homme regardait la jeune femme qui se tenait face à lui. Décidément lady Mary Finneley était pourvue d'un caractère bien trempé. La convaincre de venir avec lui n'allait pas être une partie de plaisir. Pourtant, ils se connaissaient déjà depuis quelques mois. Ils s'étaient rencontrés à Londres lors d'une garden-party avant d'échanger quelques lettres. Puis, au début de l'été, ils s'étaient donnés rendez-vous pour passer quelques jours en villégiature, ici, dans la jolie station balnéaire de Brighton.
-Pardonnez mon insistance lady Finneley, mais il ne s'agit pas d'un vulgaire cirque...
-Alors de quoi s'agit-il ?
Il lui tendit une petite affiche légèrement jaunie.
-C'est une troupe d'un pays lointain qui se produit actuellement en ville. Un spectacle exotique et, je dois aussi vous l'avouer, assez impressionnant...
Elle regarda le prospectus d'un œil inquisiteur.
-Le magicien Adranon et la ravissante Ana-Ina vous présentent leurs tours les plus incroyables et les plus spectaculaires...
-Tout le monde en dit le plus grand bien ma chère... Y compris les Hannigton...
-Les Hannigton ne trouvent jamais rien à leur goût. Répliqua-t-elle avec une candeur typiquement britannique.
-Eh bien ce spectacle-ci leur a tellement plu qu'ils en ont vanté les mérites pendant toute notre partie de bridge hier soir. De plus c'est notre dernière occasion de les voir car leur troupe repart dès demain dans leur pays d'Asie centrale... Quelque chose qui finit en « istan » si ma mémoire est bonne.
-Alors soit, lord Hartworth, je veux bien vous accompagner. Mais cela ne signifie en aucun cas que je cède à vos avances... Il faut faire montre de bien plus de vertu et de bravoure pour me séduire, sachez le...
-Et c'est tout à votre honneur lady Finneley. Dit-il en lui faisait un baise-main. Je viendrai vous chercher à 7H ce soir.
-Je serai prête mon cher.
Mais, quelques heures plus tard.
-7H10 et elle n'est toujours pas prête. Fulminait lord William Hartworth depuis l'intérieur de sa calèche.
-Que monsieur me pardonne mais une lady se fait toujours attendre. Répondit son valet de pied.
-Je sais mon brave Simon, mais ces petites coutumes ont le don de m'agacer...
-Oh, il ne faut pas vous en faire monsieur. Et croyez-moi, cette jeune lady fait très certainement de son mieux pour vous plaire, et malheureusement cela prend parfois du temps.
-Puissiez-vous avoir raison.
-Croyez-moi milord, j'ai parcouru la moitié de l'empire britannique durant ma jeunesse et je sais lorsqu'une jeune femme est attirée par un homme.
-Vous voulez dire que ?
-Bien évidement. Il est manifeste que cette charmante demoiselle éprouve beaucoup d'intérêt à votre égard. Mais vous savez ce que c'est, les convenances sociales, son caractère... Elle vous teste et c'est tout naturel. Comportez-vous en gentleman, ne soyez pas trop pressé, et elle finira d'elle-même par succomber à vos avances.
-J'espère de tout cœur que vous dites vrai... Mais d'où vous vient toute cette... science ?
-J'ai beaucoup voyagé avant d'être à votre service monsieur, et j'ai croisé de nombreuses femmes de par le monde. Des Anglaises, des Égyptiennes, des Africaines, des Indiennes, des Afghanes...
-Stop ! Je vous prie, mon brave, de cesser l'énumération de toutes vos... conquêtes passées. Cela n'est guère convenable, et je n'ose imaginer ce que lady Mary penserait de moi si elle savait que j'ai pour valet un homme au passé tel que le vôtre...
-Je comprends, pardonnez-moi monsieur, mais j'éprouve toujours beaucoup de nostalgie lorsque je me remémore ma jeunesse trépidante. Oh, mais trêve de bavardages, voilà votre bien aimée qui accourt...
-Il n'est pas trop tôt. Répondit le lord avec un sourire. 7H20...
-Et cela valait la peine d'attendre si je puis me permettre.
Le jeune lord jeta un œil à travers la vitre de sa calèche.
-En effet Simon, en effet...
Et il descendit pour aller aux devants de lady Finneley.
-Vous êtes ravissante très chère. Dit-il en regardant sa magnifique robe verte qui aillait si bien avec ses cheveux roux et ses yeux verts.
La jeune femme ne put s'empêcher de rougir en lui tendant son ombrelle, mais elle reprit rapidement son air noble et hautain.
-Eh bien lord Hartworth, j'espère que votre spectacle et vous serez à la hauteur.
-Je n'en doute pas. Dit-il en l'invitant à monter dans sa calèche tout en faisant signe à son valet de se mettre en route.
Ils arrivèrent quelques minutes plus tard devant l'entrée du théâtre de Brighton à l'intérieur duquel une foule entière de curieux s'était donnée rendez-vous.
-Ladies and gentlemen, veuillez accueillir une dernière fois, et sous un tonnerre d'applaudissements, le désormais légendaire Adranon et la charmante Ana-Ina ! Lança le présentateur aux spectateurs entassés dans les gradins.
-Cela commence bien... Chuchota lady Finneley avec ironie.
-Ne proférez point de jugement trop hâtif ma chère, cela ne vous sied guère. Et puis laissez d'abord ces braves gens nous dévoiler leurs plus beaux tours. Vous aurez tout le loisir de les juger ensuite.
-Vous avez raison lord Hartworth, veuillez excuser mon comportement.
-Mais vous êtes déjà pardonnée. Comment reprocher quoi que ce soit lorsque l'on pose les yeux sur un si joli minois ?
La jeune femme ne put une nouvelle fois s'empêcher de rougir. Décidément les compliments de ce jeune lord avaient le don de faire défaillir la carapace de sa vertu.
-Ah ! Les voici enfin.
Les deux jeunes gens écarquillèrent alors les yeux en observant le couple qui s'avançait lentement au milieu de la scène.
-Quelles tenues exotiques ! Vous ne trouvez pas lady Finneley.
-Diantre. Vous m'aviez promis du dépaysement lord Hartworth, mais je ne m'attendais pas à cela...
-En effet, leurs costumes sont si... folkloriques.
-Surtout celui de la femme... Grands dieux, on peut voir son...
-Oui, c'est indécent...
-Et elle n'a même pas honte...
-Pas le moins du monde apparemment...
-Mais tout de même ! On voit son nombril !
La jeune Britannique était choquée.
-Je suppose que cela fait partie de leurs coutumes...
-Quelles coutumes étranges... Mais chut, le fameux magicien va parler.
-Ladies and gentlemen. Nous avons aujourd'hui l'immense privilège de vous présenter une dernière fois nos plus beaux tours en provenance de notre lointain pays, le royaume du Bondagistan...
-Voilà, c'est ça. Murmura lord Hartworth. J'ai toujours du mal avec ces noms étranges...
-Et rien que pour vous ce soir, nous aurons le plaisir de vous offrir une magnifique surprise pour clôturer comme il se doit notre tournée dans votre si beau pays. Merci à toutes et à tous !
Les spectateurs virent ensuite la jeune femme brune se pencher pour ouvrir un coffre disposé au milieu de la scène et duquel elle sortit plusieurs rouleaux de cordes blanches pour les apporter à son partenaire.
-Oh... Mais je ne rêve pas. Il est en train de l'attacher. Chuchota lady Mary Finneley en se blottissant contre lord William Hartworth.
-Vous ne rêvez pas ma chère.
-Mais... Mais... Pourquoi ?
-C'est leur numéro, et d'après les Hannigton c'est très spectaculaire.
-En effet, la pauvre est déjà saucissonnée...
-La pauvre ? Regardez bien le sourire qui se dessine sur ses lèvres.
-Mais enfin... Remarquez elle expose bien son...
-Nombril...
-Au vu et au su de tous... Alors être attachée...
-Il lui bande les yeux à présent, et il tire sur cette corde pour lui maintenir les bras en l'air.
-Elle doit être incroyablement souple.
-Décidément ces gens ont des mœurs bien étranges.
Et le numéros s'enchaînèrent. L'artiste détachait sa partenaire pour la ligoter dans de nouvelles positions. Des positions sans cesse plus surprenantes, extravagantes et impressionnantes. La foule était littéralement subjuguée par le spectacle, y comprit lady Finneley, qui une fois le décalage culturel assimilé, se prenait même au jeu.
-C'est ahurissant lord Hartworth, je n'avais jamais rien vu de tel, ni même imaginé que l'on pouvait faire cela avec des cordes. Affirma-t-elle en attrapant le bras de son soupirant.
-Moi non plus ma chère, c'est tout bonnement renversant.
-Cette jeune femme est suspendue dans les airs, comme un oiseau, et elle n'a pas peur. Je serais terrorisée à sa place.
-Qui ne le serait pas ?
-Sans doute ces fameux Bondagistanais. Sourit-elle.
-Ma chère vous faites de l'humour.
-Mais non voyons ! S'offusqua-t-elle. Et même si c'était le cas, ne prenez pas cela pour quelque gage de réussite. Il en faut bien plus pour que je cède à vos avances...
-Oui, bravoure et vertu, ne vous inquiétez point. Dit-il en lui prenant la main. Je ne voudrais pas outrepasser les convenances. Et puis, je ne suis pas un Bondagistanais.
La jeune femme étouffa un rire.
-Ladies and gentlemen. Voici notre avant dernier tour et pour cela j'ai besoin d'un homme honnête et impartial pour monter sur scène !
-Si vous essayez de lever la main je m'en vais sur le champ. Menaça lady Finneley. Vous ne toucherez pas à cette fille si dévêtue.
-Je n'y comptais pas ma chère, puisque c'est avec vous que je veux être. Et puis, voyez le nombre de mains qui se lèvent. Croyez-moi la compétition sera rude.
-J'aime mieux ça...
-Vous monsieur ! Déclara Adranon depuis la scène. Oui, vous monsieur, montez nous rejoindre.
Un homme d'une quarantaine d'années se leva de sa chaise sous les applaudissements du public et grimpa sur la scène.
-Bonsoir monsieur. Commença l'artiste. Êtes-vous prêts à regarder mon numéro et à témoigner qu'il n'y a aucun trucage.
-Bien sûr.
-Alors voici Ana-Ina. Je vais l'attacher solidement devant vous. D'accord ?
-D'accord.
Le magicien attrapa une de ses cordes et commença à ligoter la jeune femme. Les poignets, les coudes, le buste, les genoux et les chevilles fermement attachées, la belle étrangère ne bougeait plus.
-Je vais vous demander un petit coup de main. Demanda Adranon.
-Tout ce que vous voudrez. Répondit l'homme.
-Vous voyez ces deux coffres noirs ?
-Oui.
-Choisissez en un et amenez le au milieu de la scène, pendant que j'en finis avec Ana-Ina.
L'homme prit une des deux boites et la fit glisser vers le magicien.
-Tournez la, regardez la attentivement. Aucune double-fond, aucune trappe.
-Absolument rien. Dit-il en soulevant le coffre pour le prouver.
-Parfait. Maintenant je vais bâillonner Ana-Ina avec ceci. Déclara l'artiste en exhibant de sa manche un objet étrange.
-Je n'ai jamais rien vu de pareil. Chuchota lady Finneley. Qu'est ce que c'est ?
-On dirait une petite boule surmontée d'une sangle en cuir... Répondit lord Hartworth.
-Et il la met dans sa bouche... Grands dieux ! Bégaya la jeune femme.
-Voilà, avec ceci ma partenaire ne peut désormais ni parler, ni crier... ni mordre ses liens.
Le public était comme hypnotisé par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux.
-Maintenant je vais laisser à ce monsieur le soin d'examiner son ligotage. Allez-y, n'ayez pas peur, Ana-Ina n'est guère farouche. Mais si votre femme est dans la salle...
-Elle l'est... Répondit l'homme.
-Alors ne la rendez pas jalouse. Dit le magicien sous les applaudissements.
-D'accord.
Et l'homme scruta alors la jolie captive dans les moindres détails.
-Est-elle bien attachée ? Demanda l'artiste.
-Oui, parfaitement. Répondit l'homme.
-Pensez-vous qu'elle puisse se libérer toute seule ?
-Non, c'est impossible...
-Eh bien rien n'est impossible pour la charmante Ana-Ina ! Non seulement elle va réussir à s'extirper de ces liens, mais de plus, elle le fera, depuis l'intérieur de ce coffre ! S'exclama-t-il.
Puis, sous les yeux effarés du public, le magicien fit entrer sa partenaire, dûment ligotée et bâillonnée dans la boite noire.
-Veuillez refermer le cadenas. Ordonna-t-il à son assistant de circonstance. Et ensuite rejoignez le public.
L'homme s'exécuta et quitta la scène avec un air radieux. Puis, lentement, l'artiste s'avança au devant de la scène.
-Alors, combien de temps pensez-vous qu'elle mette pour sortir de cette boite ?
-Une heure ! S'écria une voix.
-Vingt minutes ! S'écria une autre.
-Toute la nuit !
-Eh bien vous vous trompez, chers spectateurs ! Dit-il en projetant brusquement un nuage de fumée sur la scène et dans la salle.
La foule était subjuguée.
-Je ne veux pas voir ça. Cria la jeune lady en plongeant la tête entre les bras du jeune lord.
-Ne vous inquiétez pas ma chère, les Hannigton m'en ont parlé. Il s'agit du clou du spectacle. C'est un numéro d'évasion, et elle va réapparaitre d'une seconde à l'autre...
-Vous croyez ?
-J'en suis certain. Dit-il d'une voix rassurante.
Mais il ignorait encore quand, et surtout comment...
Le brouillard se dissipa rapidement et soudain le magicien s'écria :
-Car il y a bien longtemps qu'Ana-Ina n'est plus dans ce coffre...
Les spectateurs étaient suspendus à ses lèvres.
-Elle est ici, parmi vous, au milieu de cette salle.
Les gens regardèrent alors brusquement autour d'eux.
-Là ! Cria une femme en montrant du doigt la ravissante créature, juchée avec grâce sur le rebord d'un balcon.
-Mais... C'est impossible. Elle ne peut pas s'être libérée aussi vite. Murmura lady Finneley.
-C'est... C'est à peine croyable...
-Vous pouvez l'applaudir.
-Bravo !
-Splendide !
La foule était conquise.
-Je vous l'avais dit ma chère. Il ne s'agit pas d'un vulgaire cirque.
-Et je vous remercie infiniment de m'avoir invitée.
-Et maintenant, chers spectateurs ! Commença le magicien pour regagner l'attention du public. La belle Ana-Ina va passer parmi vous pour mon tout dernier tour dans votre si joli pays...
-Bravo !
-Afin choisir une jeune personne qui aura l'immense privilège d'être attachée par mes soins.
Plusieurs demoiselles levèrent alors la main, espérant vivement être choisies.
-Eh bien, ne comptez pas sur moi, mon cher. Somma lady Finneley à son soupirant.
-Je n'en doute pas. Vous avez bien trop peur pour cela...
-J'ai peur moi ?!
-Visiblement votre tempérament n'est guère à l'aventure. Mais vous avez bien d'autres charmes je vous rassure.
-Mon tempérament n'est pas à l'aventure ?! Vous croyez cela ? Eh bien je vais vous montrer qu'une Finneley, fusse-t-elle la dernière de sa lignée, n'est pas une pauvre créature effrayée à l'idée de monter sur une scène. Déclara-t-elle en levant brusquement la main.
-Voyons ma chère. Vous n'avez rien à me prouver. Et que feriez vous si par un quelconque hasard cette étrangère vous choisissait ?
-Ce n'est pas encore le cas à ce que je sache ?
-Eh bien il semblerait que...
-Que quoi ?
-Cette jeune femme pointe son doigt dans votre direction...
-Je... Comment ?! S'exclama-t-elle en se retournant soudainement.
-Et elle vous désigne avec insistance.
-Mais, je ne veux pas !
-Essayez donc de lui expliquer, mais je doute fortement qu'elle parle notre langue.
La ravissante Ana-Ina s'avança alors vers la jeune lady et l'attrapa par la main.
-Mais... Non. Vous comprenez ? Non.
-Elle ne vous comprend pas. Et puis vous avez levé la main, c'est trop tard pour vous rétracter.
-Mais je...
-Profitez simplement du spectacle. Lui conseilla le jeune lord.
-Soit... Mais sitôt terminé je...
Elle n'eut malheureusement pas le temps d'en dire davantage. La belle étrangère l'entraînait déjà vers la scène sous les acclamations du public.
-Bonsoir mademoiselle. Je suis enchanté de vous connaître. Affirma Adranon en lui faisant un baise-main.
-Enchantée de même. Ne put s'empêcher de répondre la jeune Anglaise par politesse.
-Mais si vous n'y voyez pas d'inconvénient nous allons passer directement aux choses sérieuses, car le public nous attend, n'est ce pas ?
La foule s'écria bruyamment.
-Ma chère. Continua-t-il en s'adressant à lady Finneley. Vous allez avoir deux immenses privilèges...
-Lesquels ?
-Le premier c'est bien évidement d'être ligotée par un artiste tel que moi. Dit-il en commençant doucement à enrouler une corde autour des poignets de la jeune femme.
-Et le second ?
-Celui de découvrir le secret de la belle Ana-Ina, la reine de l'évasion.
-Je suis toute ouïe.
-Ne soyez pas trop pressée ma chère, chaque chose en son temps. Poursuivit-il en terminant le ligotage de son buste.
Il s'attaqua ensuite à ses chevilles.
-Je ne vous attache pas les genoux car votre robe est bien trop longue, mais je vais par contre vous bâillonner. Dit-il en glissant un de ses curieux objets sous son nez.
-Mais je... Mmmh...
Le public les applaudit.
-Vous faites fureur ma chère. Lui murmura-t-il à l'oreille. Et je ne doute pas que vous en ferez autant lorsque je vous emmènerai dans mon pays. Car je vais réussir le tour de force de vous enlever au nez et à la barbe de tous ces gens.
-Mmmh... Gémit la jeune femme en s'agitant de toutes ses forces.
-Oh, ne commencez pas si vite ! Cria le magicien à la foule, tout en maintenant sa prisonnière fermement contre lui. Décidément les Anglaises sont toujours impatientes. Mais entrez plutôt dans cette jolie boite. Dit-il en la poussant à l'intérieur du second coffre.
-Mmmh...
-Et soyez sage car nous allons faire un long, un très long voyage. Lui chuchota-t-il en refermant la boite.
-Mmmh... S'égosillait-elle.
Mais les parois du coffre étaient solides, et imperméables aux sons. Et elle se demandait comment diable Ana-Ina avait bien pu sortir du sien en si peu de temps...
-Ladies and gentlemen, je vous présente le clou final de mon spectacle ! S'écria Adranon. Cette jeune et jolie demoiselle est désormais enfermée dans ce coffre. Elle est attachée, bâillonnée... et pourtant...
-Faites qu'elle sorte. Soupirait le jeune lord à lui-même.
-Pourtant elle va s'en évader...
La foule était aux aguets. Les gens scrutaient leurs voisins et leurs voisines, pour essayer de reconnaître la jolie rousse dans la salle.
-D'un instant à l'autre elle va se retrouver parmi vous, même si personnellement je trouve qu'elle prend son temps. Dit-il en frappant deux fois sur le sommet du coffre. Dépêchez-vous mademoiselle les gens vous attendent. Ah les Anglaises ! Toujours pressées, mais dès qu'il faut attendre après elles...
De nombreuses personnes s'esclaffèrent dans le public.
-Ah, ah ! Il semblerait que notre jeune amie soit sur le point d'en terminer. Mais avant cela, nous allons vous présenter nos adieux, Ana-Ina et moi. Nous repartons dans notre lointain pays. Dit-il en se penchant avec sa charmante partenaire vers les spectateurs. Au revoir à toutes et à tous !
Il reçu un tonnerre d'acclamations, puis, d'un geste vif il projeta de nouveau un fumigène qui noya la salle dans un épais brouillard.
Puis, après un laps de temps qui sembla bien plus long que la première fois, la fumée se dissipa. La scène était désormais vide, les deux artistes et les deux coffres avaient disparu.
-Elle est là ! S'exclama quelqu'un.
Le jeune lord était soulagé. Un bref instant il avait eu peur que le magicien se soit envolé avec sa promise. Il accourra alors dans la direction des cris. Malheureusement la salle était bondée, et naviguer parmi la foule qui applaudissait encore en se dirigeant vers les sorties n'était guère aisé. Et lorsque enfin, après d'interminables minutes, il arriva à l'endroit où semble-t-il on avait vu lady Mary Finneley réapparaître, il ne trouva qu'un couple de personnes âgées occupées à rassembler leurs affaires.
-La jeune femme... Demanda-t-il exténué. Elle n'est pas ici ?
-Non. Répondit le vieil homme. Il me semble plutôt l'avoir aperçue de ce côté...
-Mais j'en viens...
-Alors j'ai peut-être confondu. Continua-t-il, avant de lui faire un clin d'oeil. Vous savez, avec toutes ces jolies rousses.
-Mais...
-Cherchez encore, elle ne peut pas être bien loin. Ajouta la vieille femme.
Mais lady Finneley était déjà loin. Le coffre dans lequel elle était enfermée venait d'être posé sur le toit d'une calèche pour être emporté vers le port.
A suivre...