Pour nono...et les autres
Chapitre 9
Je devine son plan en le voyant monter sur un escabeau, passer une longue chaine dans un anneau du plafond et la tirer ver le bas.
Je vais être suspendue comme la Star dans le tournage. Mon cœur s’accélère. Je n’ai jamais connu ça.
Pendant qu’il m’entraine sous la chaine, je déboutonne discrètement le haut de mon chemisier.
Etre comme la Star .…Girlie Girl…. Ali Girl…
Il y verra peut être un message ?
Je veux vivre intensément chaque seconde de l’opération.
Après la fixation des menottes à la chaine avec un petit cadenas, je sens mes poignets s'élever dans un grincement métallique.
Je résiste par réflexe mais la chaine est plus forte que moi. Elle arrête de monter quand mes bras sont presque à la verticale.
Je regarde en l’air, des doigts crispés sur des maillons, puis baisse les yeux. Mon chemisier est remonté au dessus de ma taille.
Il me mitraille comme avant, mais là je ne pose plus. Je ne suis plus le modèle. Je suis la prisonnière. Totalement vulnérable.
Je ne peux rien faire pour me défendre ou me protéger, sauf peut être lever les jambes et donner des coups de pied.
S’ils étaient attachés et fixés au sol, tu ferais quoi ?
Bah, je serais comme une poupée vivante, offerte à toutes les perversions.
Frissons…
- Ooohhhh.
C'est reparti. Je suis étirée lentement, irrésistiblement. Mes bras se tendent, puis mon buste, puis mes jambes.
Je suis cambrée, ventre creusé, mollets contractés, sur la pointe des pieds, cherchant un équilibre instable et douloureux.
Mes poignets souffrent de la pression des bracelets d’acier qu’accentue le poids de mon corps quand je bouge les jambes.
Il fait une photo et me regarde d’un air désolé.
- Ca va ? me demande t’il timidement
- Euh...C'est pas très confortable comme position. J'espère que t'as pas l'intention de me maintenir comme ça longtemps, parce que j'ai mal aux poignets.
Pourquoi te plains tu comme ça Ali ? Ce n’est pas si terrible.
Et tu pourras le confirmer à la star : Il faut souffrir un peu pour être belle… captive.
Arrête de râler.
Je n’ai pas le temps de dire ouf qu’Il a fébrilement enlevé mes menottes avec l'air coupable d'un gamin qui se rend compte qu’il a fait une bêtise, paniqué, honteux.
Merde il m’a prise au mot.
Tu vois ce que ça donne tes plaintes stupides.
Il ne va plus vouloir t’attacher.Il est tellement sensible.
Fais quelque chose.
Douze heures et quinze minutes.
Je frotte mes poignets en l’interrogeant des yeux.
Il range le studio en évitant de croiser mon regard.
Ca me gave d’être libre. Je ne suis pas venue pour ça.
Le point positif, c’est que je suis sûre qu’il n’est ni pervers ni sadique , que je n'ai rien à craindre…sinon sa sensiblerie et sa timidité.
Il a juste besoin que je le stimule un peu, que je lui montre que j’ai confiance en lui mais il ne le sait pas….moi si.
J’ai une idée pour ça.
- Attends, c'est déjà fini?
- Je t'ai fait mal, on va s'arrêter là je crois.
- Tu rigoles?
C’est bien Ali. Tu as montré de l’inquiétude et pas de l’arrogance.
- Non il est temps de rentrer, en plus j'ai faim.
Je ne suis pas appétissante ?
- D'accord, mais avant de partir, je veux faire une dernière série.
Je m’approche de lui en souriant et lui chuchote à l’oreille :
« Ne t’en fais pas, c’est moi l’idiote …je suis parfois très bête et je dis n’importe quoi…Pour te rassurer, je te propose qu’on choisisse un mot de passe. Si je ne le prononce pas, c’est que tout va bien, même si je te supplie…même si je t’engueule…même si je pleure…Si tu me bâillonnes
( je déteste les bâillons ) et si j’ai du mal à parler , je ferai des ronds avec ma tête…comme ça…Ok ? Rappelle toi que c’est toi le chef ! D’accord Mister Lux ? »
Je rejoue la chipie- soldate. « A vos ordres Master Lux…J’accepte d’être menottée sur le sol. J’ai mérité ma punition. »
Je m’étale à plat ventre sur un grand drap devant le fond blanc, les mains croisées sur ma nuque.
Tu n'a plus faim Mister Lux ?
Il vient vers moi, des menottes à la main. Il sourit. Je lui souris : « Luxali ..le mot de passe ..c’est Luxali… ».
Un clin d’œil avant de fermer les yeux, le menton sur le drap. Il s’agenouille près de moi.
Je frissonne quand ses mains ramènent mes mains dans le creux de mes reins et les menottent sans trop serrer.
Il ne veut pas me faire mal...ni que je m'échappe.
Je respire de plus en plus fort quand il plie ma jambe gauche et menotte ma cheville.
Tu flippes Ali.
Et cette chaine qu’il passe dans celle des poignets avant de replier ma jambe droite et de menotter mon autre cheville.
Hummmm…Ces cliquetis...Ces sensations...
Je gigote sur le ventre pour ressentir pleinement ma position.
Chaque fois que je bouge un bras ou une jambe, ça se répercute partout. Je veux tendre une jambe, ça tire sur l’autre jambe et sur mes bras, m’obligeant à me cambrer. Je veux remonter mes poignets, ça me ramène presque les chevilles sur les fesses.
Tout ça dans un bruit métallique qui accompagne mes grognements .
Mister Lux ne rate rien de mes efforts. Les clics-photos l'attestent.
Je me tourne sur le côté, J’ai l’impression d’être une marionnette horizontale, tirée par des ficelles.
Je me tourne sur le dos.
Mes bras sont coincés, mes jambes écartées, ma jupe relevée, mon chemisier entrouvert, mon nombril découvert.
Alisson ! A quoi tu joues ?
Je suis sur le ventre, à bout de souffle, en quête d’une position plus confort. Mon corps glisse sur le drap qui se bouchonne.
J'essaye de ramper comme si j’étais réellement prisonnière à la recherche d’une issue improbable.
Le temps s’écoule, je n’ai pas progressé. Mes lunettes sont tombées. Mes cheveux sont embrouillés. Mes fringues sont débraillées.
Je reprends mon souffle, de nouveau sur le dos, agacée de ne pas pouvoir étendre mes jambes.
Plus je pense à ce que je ne peux pas faire, plus j’ai envie de le faire.
Grrrr… C’est énervant…Je dépends vraiment de son bon vouloir.
Je me fous même du spectacle indécent que j'offre à l'objectif du photographe.
- Shooting fini ! Je te laisse ici comme ça ? il se moque de moi.
- Pffft. Même pas cap' .
Je bascule sur le côté attendant qu'il me libère. Il prend tout son temps pour tout ranger.
Je le suis du regard, immobile, impatiente de retrouver ma liberté et de me détendre.
Les minutes s’écoulent. Je ne le vois plus. Je ne l’entends plus.
M’a t’il prise au mot ? Veut il me punir ou juste me faire peur ?
Douze heures et cinquante minutes.
Le bruit de ses pas me sort de ma torpeur résignée.
Ouf…J’ai eu peur.
Il s’accroupit près de moi et démenotte ma cheville gauche.
- C’est pas trop tôt. Je ne peux pas m’empêcher d’être insolente.
Il serre fortement mon coude et me fait mettre debout sans un mot, sans ménagement. Au lieu de me libérer, il remenotte ma cheville.
Pour une fois je réussis à bloquer mes protestations.
Tu ne vas pas quand même pas me sortir comme ça !
J’ai peur.
Que vont penser les gens ? J’ai l’air de quoi ? D’une folle échevelée, débraillée.
Il a jeté mon manteau sur son épaule et glissé mes lunettes dans sa poche.
Il m’emmène vers la sortie. Je traine les pieds, mais sa poigne est ferme et je ne peux pas fuir. Il ouvre la porte.
Il pleut des cordes. Sauvée par la pluie. Complètement libérée. Plus de menottes.
Il me prend par la main et on se met à courir. Toute ankylosée, j’ai un peu de mal à courir vite.
Tu le ralentis. Ouais mais je fais de mon mieux...
Mon manteau par dessus nos têtes, on s’abrite comme on peut. Je suis trempée. On rit comme des gamins
- On est arrivés.
Je regarde ma montre.
Treize heures et dix minutes.
sans doute la dernière...je m'épuise..