Alors? Qui avait raison?
Réponse A, B ou C...?
Donc voilà la suite.
Elle a été dure à écrire et ce n'est pas vraiment du ligotage.
Mais j'y ai mis beaucoup de moi.
Soyez indulgents ou la lisez pas 
Merci beaucoup à Karamel à qui je dois cet épisode....
CHAPITRE 5
- Ne fais pas ça ! Ne l’appelle pas à l’aide !
- Mais les monstres, la nuit, les liens ! Et je suis coincée de toutes façons ! J’ai trop peur, trop mal ! Alors…
- Tu veux encore et toujours lui devoir des choses, te soumettre ? Tu veux qu’il gagne encore ?
- Non mais… toute une nuit dans la forêt, attachée comme ça, avec cette boule dans ma bouche, ce bandeau sur mes yeux et ces douleurs…
- Résiste ! Souviens toi. Tu t’es toujours soumise après la révolte ! Et ça t’a apporté quoi ? De te retrouver dans cette situation !
Ce dialogue interne qui a stoppé mon doigt se poursuit dans ma tête.
-Tu veux quoi Caroline:
Appuyer sur le bouton et te soumettre pour avoir moins mal et moins peur ? Et le laisser continuer à contrôler ta vie ?
Ou refuser son aide pour rester libre malgré les liens et décider de ta vie?
Il y’a quelque chose de rassurant à me parler à la deuxième personne.
Ca renforce mon sentiment d’être vivante, d’avoir un passé, un présent et peut être un avenir.
- Rappelle toi Caroline quand tout a basculé, quand il a montré son vrai visage et qu’il est passé de l’amoureux joueur au dominateur pervers dès qu’il a senti que tu lui échappais
Des images et des sensations surgies du passé traversent en flashs ma tête et mon corps.
C’est un mauvais rêve. Je vais me réveiller.
J’ouvre les yeux. Tout tourne autour de moi.
Quelque chose ne colle pas. J’ai la nausée. Je veux me rendormir.
Ma respiration s’accélère.
Je suis dans une pièce grise, allongée à plat ventre sur un lit.
Je ne peux pas bouger comme clouée sur le matelas. Ecartelée ! Enchainée !
Je panique, crie, me débats. Je suis à bout de souffle.
Respire Caro, respire, calme toi !
Et je me suis souvenue.
Ce dernier repas d’amoureux.
Cette coupe de champagne pour trinquer en attendant le taxi qui va m’emmener loin d’ici.
« je reviendrai » lui ai je dit après avoir vidé ma coupe. « c’est juste un break »
« je sais bien ….. tu ne vas pas très loin, tu ne vas pas m’échapper comme ça » m’a t’il répondu avec un sourire étonnant en me tapotant la joue.
Et tout s’est brouillé.
Pendant que je m’évanouissais, j’ai vu son regard de prédateur…
Il m’a droguée…. Je suis perdue!
Je voudrais me boucher les oreilles pour effacer les cris stridents qui percent la nuit, mais je réalise que c’est moi qui hurle en revivant mon réveil dans ma chambre-cachot où ma vie se consume depuis plusieurs mois.
Le souvenir de cet évènement tourne en boucle dans mes pensées, ponctué de cris, de sanglots et de grognements de rage.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée à plat ventre, vêtue de ma seule culotte blanche, menottée écartelée aux barreaux du lit, sans manger et sans boire, dans cette pièce souterraine, grise et triste sans autre lumière qu’une ampoule nue au dessus du lit.
Mon corps est secoué de tremblements. J’ai du mal à respirer. Je me rends compte que mes ongles sont en train de décoller le scotch qui fixe le boitier sur ma main.
-Eh! Tu fais quoi Caro?
-Bah…Tu vois bien..je me libère de lui!
Je sanglote. Mes larmes mouillent le bandeau pendant que mes ongles continuent de tirer inlassablement sur le scotch.
Je me force à respirer lentement pour retrouver mon calme, évacuer autant que possible mes émotions avant de me lancer dans mon auto-interview. (technique que j’ai inventée pour m’aider à rester lucide et éviter la folie)
- Combien de temps as tu passé dans cette prison?
- Euh..Un peu plus de six mois. Mais régulièrement il me sortait de ma prison, m'emmenait dans "ses appartements", toujours les yeux bandés, me lavait, me peignait, m’habillait…J’étais sa poupée… « tu vois ..quand tu es gentille , je te récompense ».
Il me laissait même me maquiller. Et moi, je le remerciais, de plus en plus persuadée que tout était de ma faute, que je méritais mon sort. Parfois aussi on allait dans le jardin, on marchait dans les bois. Je déjeunais ou dînais avec lui dans la salle à manger…J’avais droit au vin…qui d’ailleurs me tournait la tête…Il m’emmenait dans sa chambre aussi…il pouvait être tendre..
- Et le reste du temps?
- Bah..ça dépendait s’il me trouvait gentille ou méchante…La plupart du temps, je portais un collier de cuir épais relié au mur par une chaine assez longue pour me permettre d’aller aux wc et au lavabo à côté du lit mais pas jusqu’à la porte . Ou bien cette chaine était fixée à un anneau métallique serré autour de ma cheville… c’est ce que je préférais.…enfin c’était le moins pire. Il choisissait aussi mes habits et mes sous-vêtements …souvent des trucs d’ado..
- Tu faisais quoi de tes journées?
- Il y avait une télé au dessus de la porte, mais ça c’était quand j’étais très très gentille..Ah oui..je voyais aussi des films de moi…car il y avait une caméra sur un support à mi hauteur à coté de la porte..elle pouvait me filmer presque sous tous les angles car je la voyais pivoter. Il me faisait lire des livres aussi…des trucs bizarres de soumission de fille. .Je faisais mine de m’intéresser. En fait je me parlais beaucoup et inventais des histoires heureuses…j’imaginais ma libération aussi..j’y croyais..
- Et si tu étais….euh…méchante?
- Ah oui…méchante…..c’est lui qui décidait si je l’étais. En fait je devais toujours dire oui, le remercier, m’extasier devant son génie ou les lectures qu’il me donnait, baisser les yeux à son signal. …Il pouvait entrer dans des grandes colères effrayantes au moindre faux pas de ma part, même minuscule. Et là…
Mes doigts se crispent sur le boitier qui est décollé de ma paume.
Je projette brusquement mon corps en avant, sur la pointe des pieds, ma tête et mes mains renversées en arrière et exhale ma colère en laissant tomber son boitier de merde.
Mon rire est celui d’une folle.
- Fuck Fuck Fuck…Ah Ah Ah…! Caro! Résiste!
Ces mots sont sans doute inaudibles, mais je m’en fous. Je ne parle qu’à moi…et aux monstres.
- Ah Ah Ah…Je n’ai peur de rien…Venez venez…Je vous attends!
C’est comme si d’un coup j’étais devenue plus légère, débarrassée d’un poids immense, en paix avec moi même et avec le monde extérieur, presque détendue, hors du temps et de l’espace, les pieds à plat sur le tapis de feuilles. Le vent tiède caresse mon corps nu, effleure délicatement mon visage et fait voler mes cheveux. Je savoure ce moment délicieux qui élimine les cordes, le bâillon, le bandeau, mes peurs de l’avenir, mes regrets du passé. Je vis intensément ces secondes de bien être que je voudrais prolonger indéfiniment. Je suis sûre que je souris.
Mon euphorie est de courte durée.
L’anesthésie virtuelle a cessé de produire ses effets.
Une vague de douleurs sourdes envahit progressivement mon corps des poignets aux chevilles en passant par mon cou, ma bouche, mes épaules, mon dos, mes cuisses.
J’ai mal partout .Je panique. La nuit n’est pas finie.
- Je ne vais pas tenir!
- Calme toi Caroline, tu en as vu d’autres et des pires.
Je grimace en revivant les coups de fouet, les pinces sur mes seins et mon sexe, les gifles et.. tout le reste quand j’étais…. « méchante ».
- Tu vois , tu as survécu! Là c’est dans ta tête que ça se passe! Respire! Cool!
J’inspire et expire lentement et profondément par le nez en pensant à des jeux joyeux, à des souvenirs heureux, à ce que je ferai quand je serai libre, à mes amis à ma famille quand je les reverrai.
J’ouvre et referme mes mains au rythme de ma respiration. Je me déhanche, remue les épaules et le buste, plie et déplie mes jambes autant que mes liens le permettent.
- C’est bien! Continue Caro!
La discipline que je m’impose en alternant exercices et repos m’apaise et m’entraine dans un demi sommeil.
Je suis debout dans une boule transparente qui flotte dans l’air au milieu des démons et des éclairs noirs . Je connais leurs visages mais ils changent toujours et c’est aussi toujours le même.La boule tourne sur elle même de plus en plus vite. Je m’accroche à des anneaux comme dans le métro pour ne pas tomber. Ma tête tourne dans tous les sens. Des monstres me regardent avec des sourires mauvais en montrant leurs dents pointues. Allez vous en..partez….je crie. …Caroline n’est pas là! Elle est sortie! La boule explose dans un bruit effrayant.
Je sors de la boule, haletante, pétrifiée, le coeur battant à toute allure. Je regarde autour de moi. Tout est noir! Les monstres sont partis. Les craquements se répètent et se rapprochent. Je veux fuir, courir, mais je ne peux pas.
Je ne comprends plus rien et mets plusieurs secondes à revenir sur terre. Je suis terrifiée. Je ne rêve plus. Les bruits sont réels.Mes mains serrent la corde. La chair de poule pique mon corps crispé. Tous mes sens aux aguets.
- Caroline ! Ce n’est rien! Sans doute des branches qui craquent! Il n’y a pas de monstres.
Je pleure en silence. Je n’entends plus que le bruit du vent dans les feuilles..
Mais est ce bien le vent ou …des chuchotements?…ou des bruits de pas…?…ou des animaux sauvages?
Peut être qu’on vient me sauver ou…pire?
Est ce lui qui veut me punir, me terroriser ..ou pire ?
Je n’ose plus bouger, plus gémir.
Le moindre craquement me fait comme une décharge électrique.
Je suis en danger!
Je n’ai rien mangé ni bu depuis des heures. Je me sens si faible!
Je n’arrive plus à soulager les douleurs de mes articulations.
Des crampes déchirent mes mollets. Je n’ai plus de force. Je deviens toute molle, suspendue par les bras, au bord de l’évanouissement.
J’ai dû m’assoupir….une seconde ? cinq minutes ? Je n’ai plus la notion du temps. La nuit est épaisse derrière mon bandeau.
Des vibrations agitent la corde qui écarte ma cheville droite. Je me mets à hurler en me tordant dans mes liens.
C’est une bête j’en suis sûre….Ca recommence à gauche…
Ou c’est lui.. ?..Je supplie en hoquetant des
« pardon…pitié.. » en joignant mes mains liées comme dans une prière…Une nouvelle fois, je perds conscience…
Je grelotte, je frissonne.Je me redresse péniblement. Je ne sens plus mes mains que j’ai du mal à remuer.
Un fourmillement sur mon tibia..
une araignée ? ..elle va me piquer !..je secoue faiblement ma jambe..en vain..le fourmillement gagne mon genou, ma cuisse et s’arrête…je tente de serrer les cuisses…
et les moustiques ? ils vont me dévorer ! Rien qu’à cette évocation, des démangeaisons irritent ma peau…c’est horrible de ne pas pouvoir se gratter.
Je m’imagine couverte d’insectes, assaillie par une nuée de moustiques, mordue à mort par des chiens et des chats sauvages, les yeux arrachés par des oiseaux…je deviens folle…
- Caroline !!!
Cette voix intérieure résonne dans la tête comme un marteau piqueur.
Des bourdonnements ..Ma tête qui tourne…Mon corps brûle et devient mou…Un liquide chaud ruisselle sur mes cuisses,.. Je ne me contrôle plus….Des sifflements incessants …Je n’entends plus que ça…Je tombe dans le néant dans un vacarme épouvantable…
Je veux que tout s’arrête ! ….
Un cri aigu sort de mes entrailles…
Je sombre.
hum, je sais ce n'est pas très gai...mais c'est ..la version d'une fille..d'une soi-disant "soumise" qui n'a pas le choix!
mais ce n'est peut être pas fini...c'est vous qui voyez..