Un jeu bien singulier
Publié : 28 mai 2025, 08:58
Bonjour à toutes et tous,
J'ai préféré compartimenter cette histoire en trois chapitres, j'avais pourtant prévenu mes personnages mais ils en ont fait qu'à leurs têtes. Ce sera plus digeste ainsi.
Chapitre un :
En cette belle après-midi de printemps, le ciel était bleu, peu de nuages et pas de pluie. Peut-être que ça expliquait la bonne humeur générale du bureau. Après trois semaines de pluie non-stop, c’était plutôt agréable.
Claire quant à elle, se souciait peu de la météo. Elle se surpris elle-même à observer de nouveau son collègue Romain.
Arrivé depuis peu comme ingénieur système, Romain savait se montrer courtois lorsqu’il passait à côté de son bureau et savait tenir une conversation amicale lorsque Claire venait prendre, pile au même moment que lui, un café à la machine.
Au fil des semaines, elle avait appris que Romain était célibataire et qu’il venait de s’installer récemment dans la région.
Plutôt timide, Claire n’osait pas trop avouer ses sentiments et Romain semblait tout aussi coincé. Pourtant, elle aimait le regarder, il était un très beau jeune homme, à peine plus âgé et franchement…
Oh merde !
Romain venait de croiser le regard de Claire. La honte aurait pu être limitée voire inexistante, si elle n’arborait pas, à cet instant précis, un air particulièrement évocateur tandis qu’elle déshabiller littéralement son collègue du regard. Le genre de regard qui signifie : Toi si je t’attrape…
La honte se transforma en terreur quand il se leva et se dirigea vers le bureau de Claire.
Un tremblement de terre, une tornade, il fallait qu’il se passe quelque chose, n’importe quoi pour que Romain n’atteigne pas le bureau… Mais non, il ne passa rien.
Romain se posa et se pencha vers une jeune fille qui ne savait plus où se mettre.
« Claire ? Le dossier Gomez, t’as eu le temps de relire. Je voudrais valider la partie technique »
« Euh oui. J’ai presque fini. Je te renvoie tout avant ce soir »
« Merci »
Purée, il faut vraiment que je me maitrise lorsque je le regarde
Les jours passèrent, jusqu’à cette pause-café de trop, où Sophia, cette pouffiasse à qui il ne faut surtout rien dire même si c’est votre amie, osa poser la question.
« Romain, tu savais que Claire était célibataire ? »
« Euh non, je l’ignorais »
Romain tourna la tête vers une Claire, plus rouge qu’une tomate mure.
Et juste avant de partir, il utilisa la formule parfaite.
« C’est bon à savoir »
Claire, quant à elle, ne souhaitait qu’une chose, se transformer en petite souris et se cacher dans un trou où personne ne la trouverait pour les dix années à venir.
« T’es contente de ta connerie ? »
« Assez oui » répondit une Sophia toute souriante.
Le lendemain, Romain s’incrusta à la table des filles pour le déjeuner, non pour déplaire à sa collègue célibataire. Les jours s’écoulèrent et Claire profita d’un instant de tranquillité, seule avec celui qu’elle aurait aimé croquer tout cru.
« Ça te dirai qu’on déjeune à l’extérieur demain ? »
« Pourquoi pas ? C’est moi qui invite »
Claire était ravie, elle allait enfin avoir un peu d’intimité avec son futur casse-croûte.
Le déjeuner en question se passa formidablement bien et les deux tourtereaux étaient à la limite de revenir main dans la main à leur bureau.
Le weekend arriva et Claire fût ravie de recevoir un message de Romain lui demandant simplement comment elle allait. Les échanges se multipliaient, d’abord anodins mais de plus en plus explicites.
Jusqu’à celui qui différenciait des autres.
_ Es-tu joueuse ?
_ Ça dépend
_ Ça dépend de quoi ?
_ Du jeu déjà et surtout avec qui je joue
_ Cela passerait au bureau. Si tu acceptes de jouer, il n’y aura pas de retour possible, pour la première partie du moins
_ Continue…
_ Si tu te poses des questions, rien de sexuel ou de salace. Pas d’humiliation et discrétion absolu
_ Là, t’en trop dit
_ La première partie est très soft. Elle consistera surtout à vérifier si tu apprécies le jeu ou non
_ Et je peux savoir en quoi consiste le fameux jeu ?
_ Donc tu acceptes ? J’ai besoin d’un oui
_ Mystérieux en plus d’être maître chanteur. De mieux en mieux
_ Disons simplement…que ça fait partie du jeu. Avoue que c’est plus amusant lorsqu’on ne sait pas
_ Et j’ai droit à un indice ?
_ Rien de sexuel, rien de salace, pas d’humiliation, discrétion absolue. Et respect mutuel
_ Donc tu as déjà joué. Avec quelqu’un du bureau ?
_ Oui mais non, personne du bureau. Cependant j’ai très envie de jouer avec toi
_ La vache. Tu me mets devant un sacré dilemme. Évidement que je suis obligé d’accepter
_ J’ai besoin d’un oui
_ Je sais
_ Une spécialiste du ni oui ni non… Intéressant
_ Intéressant… J’aurai préféré… Excitant
_ L’excitation est présente depuis bien longtemps. Mais je ne veux pas jouer avec n’importe qui
Un long moment passa avant que Claire ne réponde. Mais que devait-elle répondre ? Elle appréciait de plus en plus Romain mais dire oui à son jeu.
Et puis zut. Qui ne tente rien…
_ OUI
_ Tu m’en vois ravi. Le jeu commencera demain à 11h00 salle 4, prévois une heure de disponibilité
_ Et…
_ Demain 11H00 salle 4
_ Super, on finit notre conversation comme ça ?
_ Ce sujet est clos. Mais la journée n’est pas finie. Je suis sur mon canapé avec mon téléphone à discuter avec une charmante jeune fille. Je peux parler de pleins d’autres choses
_ Ah, excuse-moi, je ne savais pas que tu parlais avec une autre
_ Je précise : une charmante jeune fille qui manque de confiance en elle
Claire ne pût s’empêcher de sourire. Romain était vraiment un charmeur. Les échanges continuèrent jusque tard le soir, mais aucune réponse concernant le jeu.
Le lendemain, c’est une Claire fatiguée mais bouillonnante qui arriva à son bureau.
Romain, lui, semblait serein. Il lança un « Bonjour » à sa collègue comme si rien n’était. Le seul indice qui le trahissait, c’était les petits sourires qu’il lui jetait lorsque leurs regards se croisaient, à peu près toutes les dix secondes.
Un petit plaisir, qui devait être extrêmement amusant aux yeux de Romain, consistait à envoyer un mail tous les quarts d’heure à sa future compagne de jeu lui annonçant le temps restant avant le début des hostilités.
Au fur et à mesure que l’heure H arrivait, Ophélie ressentit une effervescence mêlée à une angoisse grandissante. Qu’est-ce qu’il préparait ? C’était quoi ce jeu ? Est-ce qu’il y a un risque ? Est-ce que c’est un piège pour me virer ? Ou pire que ça ? Mais au fait, il est où ?
Il avait disparu. Il n’était pas à son bureau. Il prépare son truc ? Il fait venir quelqu’un ? Il a eu la trouille ? C’est juste un gros mytho ?
Un message
_ Je t’attends en salle 4
L’enfoiré ? Il est déjà là-bas
Tandis qu’elle se dirigeait vers cette fameuse salle 4, la plus éloignée, le genre de salle qu’on utilise uniquement quand les trois premières sont déjà utilisé, Claire se rendit compte que son corps avançait machinalement. Ses jambes la portaient, mais son esprit était ailleurs, bien trop occupé à imaginer cent scénarios et à se poser mille questions. Et ce n’est qu’à la seconde où sa main se posa sur la poignée qu’elle cessa de cogiter.
Ouvrir ?… Ne pas ouvrir ?
Merde, je suis pétée de trouille
La porte s’ouvrit.
Trop tard…
C’était Romain qui venait d’actionner la poignée. Il regarda Claire, souriant.
« Nerveuse ? »
« Terrifiée »
Romain s’approcha et murmura à l’oreille de sa collègue.
« Ça te rend encore plus belle »
Il l’invita à entrer mais remarqua le sourire gêné de Claire, visiblement touché par le compliment.
La salle était presque vide. Une longue table, avec autour, une dizaine de chaises, trônait au milieu de la pièce. Claire inspecta attentivement les lieux. Pas d’outils de torture médiéval, pas de couteau ensanglanté. Une salle de réunion des plus normale.
« Et maintenant… J’ai le droit de savoir »
Romain referma la porte, s’approcha et pris la main de Claire.
« Maintenant, nous allons jouer à une sorte d’Escape Game. Tout d’abord, si tu perds, tu auras simplement le droit de jouer une nouvelle partie, mais beaucoup plus… piquante »
« Et si je gagne ? »
« La porte sera verrouillée par sécurité, mais si tu es prête à sortir, c’est-à-dire libre de toute entrave, la main posée sur la poignée, tu auras droit à un souhait »
« Des entraves ?»
Le visage de Romain s’illumina.
« Nous y voilà. Le but de ce premier jeu sera de trouver une clé. La clé qui ouvrira les menottes que tu vas porter…maintenant »
A peine sa phrase terminée, Romain sorti une paire de menottes de sa poche et saisi avec douceur la main droite de Claire, il passa derrière son dos, saisi la main gauche et menotta sa partenaire en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
« Ouh. Préviens-moi la prochaine fois. Remarque, c’est la première fois qu’on me met ça »
« De mieux en mieux »
« Crétin »
Claire s’avança vers la table et commença à chercher la clé.
« Donc il faut jute que je trouve une clé, que je me libère et que je pose la main sur la poignée. Facile »
« Si seulement… »
« Et ? »
La joueuse était de plus en plus intriguée. Le maître du jeu avait visiblement n’en avait pas fini avec elle.
« Je suppose qu’il y a une arnaque » dit-elle tout en continuant à chercher.
« Aucune arnaque. Mais ne compte pas sur moi pour te faciliter la tâche »
« Donc ? »
Romain s’approcha lentement.
« Mon moment préféré… Tu te poses cent mille questions, tu voudrais arrêter, t’enfuir, te mettre en sécurité. Mais l’envie de découvrir ce que je cache est plus forte. J’ai tort ? »
« Non »
« Regarde de ce côté »
Claire regarda attentivement et aperçu ce qui ressemblait à une caméra. Surprise, elle s’approcha. Romain se plaça derrière elle.
Avec un ton bienveillant il lui expliqua :
« C’est bien une caméra. Lorsque je te laisserai seule et que j’aurais verrouiller la porte, elle me permettra de te suivre. Elle est reliée à un écran qui est dans ma poche et qui va tout enregistrer. Bien évidemment, je te laisserai l’enregistrement à la fin du jeu. Tu pourras ainsi vérifier que je n’ai pas tricher et j’aurais l’esprit tranquille »
« Et qu’est-ce que tu veux qui m’arrive ? Je trouve la clé, je me détache, je pose la main sur la poignée et tu seras à moi »
Amusé, Romain ne pût s’empêcher de sourire en entendant ses paroles.
« Le but, aujourd’hui, n’est pas que tu gagnes ou que tu perdes, c’est plus… Tu verras »
« Hum… Je verrais quoi ? »
« Rien du tout »
Et ni une ni deux, le voilà qui sort un masque de sa poche et le pose sur les yeux d’une Claire, totalement prise au dépourvu.
Ce qu’elle ressenti de suite, c’est que le masque était différent de ceux qu’elle avait déjà essayé. Lorsqu‘elle avait pris le train, elle en avait acheté un, bas de gamme, il couvrait bien le regard mais laisser souvent passer la lumière, on devait fermer les yeux pour être parfaitement dans le noir. Idem lors d’un mariage, pendant les sempiternels jeux des invités, on lui en avait posé un pour identifier les mollets de son chéri de l’époque.
Celui-ci était différent, plus lourd déjà et assurant une obscurité totale.
« C’est un masque de nuit 3D, si tu poses la question. Confort et aveuglement garanti » dit Romain tout en ajustant l’élastique. « Pas trop serré ?»
« Non ça va »
Le ton de la jeune fille avait changé, d’amusé et curieux, il était devenu plus lent, plus posé.
Romain remarqua aussi que sa partenaire de jeu commençait à montrer des signes, plus proches de l’excitation que de la nervosité.
« Voici la suite, la clé des menottes est accrochée à un porte clé que je vais poser quelque part dans la pièce, tu devras la trouver pour te détacher. Le but n’est pas de poser la main sur la poignée mais bien de te délivrer pendant le temps imparti »
« Combien de temps ? »
« Trente minutes ? Ni plus ni moins. Prête à démarrer »
« J’ai le choix ? »
« Tu veux annuler ? »
« Non » Répondit une Claire sous le charme d’un maître d’un jeu bien singulier.
« Je m’éloigne pour poser la clé »
En effet, Romain s’éloigna, Claire se concentra au mieux sur son ouïe mais aucun indice sonore ne l’aida.
Revenant près d’elle, il la prit par la taille et l’emmena quelques mètres plus loin.
« On va où ? »
Romain s’arrêta.
« Tu es au milieu de la pièce, un dernier détail »
Romain fit faire trois tours sur elle-même à Claire qui n’en demandé pas tant. Surtout qu’après ce traitement, elle était complètement perdue.
Romain lui susurra « Amuse toi bien »
Claire se tourna dans la direction où elle pensait trouver son collègue.
« J’ai droit à un cadeau pour me souhaiter bonne chance ? »
La réponse ne se fit pas attendre et prit la forme d’un long baiser langoureux.
Romain s’éloigna et laissa sa captive.
« Romain ? T’es là ? »
Aucune réponse. Il était sorti ?
Ok mon coco. J’ai déjà vu des films. Le héros se baisse et passe ses menottes devant lui. J’enlève le masque, je trouve la clé et…. C’est bizarre… Normalement il y a une chaine entre les bracelets, un espace et merde… Là il n’y a rien, mes poignets sont beaucoup trop rapprochés, je ne peux pas les passer et ce masque...
Malgré ses grimaces, le masque tenait parfaitement sur son visage. Claire se souvint des mots de Romain, confort et aveuglement garanti.
Tu m’étonnes.Le salopard a bien préparé son coup. Purée, je suis où ?
En tentant d’inspecter son environnement, son premier réflexe fût de vouloir utiliser ses mains, non, bien sûr, les menottes. Avec ses pieds, elle finit par toucher quelque chose.
C’est quoi ? Ça ne bouge pas, c’est lourd. Une table ? Non un meuble, il y en a deux dans la salle, opposés à la porte. Et en quoi ça fait avancer le schmilblick ? Pourquoi j’ai accepté ? Ok, demi demi-tour et j’avance. A tous les coups il a posé la clé sur la table
La joueuse s’avança à nouveau sondant petit à petit l’espace. Le pied droit toucha un obstacle.
La table ? Non. Et merde, le mur. Je suis complètement largué. Je n’y arriverai pas comme ça. Il faut que je me libère
Malgré des nouvelles grimaces, et même en essayant de frotter le visage contre le mur. Ce satané masque ne bougeait pas et n’offrait décidément aucune visibilité. Idem pour ces foutues menottes, impossible de se libérer. En essayant de jauger la forme de ses entraves, elle
finit par s’apercevoir qu’elle ne sentait même pas l’emplacement pour insérer un hypothétique morceau de ferraille qui pourrait la libérer. Elle secoua ses mains, se dandina, sauta. Mais non, rien, Claire était toujours prisonnière et aveugle.
Elles se déplaça à nouveau, en reculant, ses mains cherchant un appui quelconque, un indice qui lui indiquerai au moins où elle se trouve dans la pièce.
C’était donc ça que ressentait la demoiselle en détresse des films. Celle qui attendait que le héros de l’histoire vienne la sauver après avoir corrigé le méchant. Sauf que là…
Quelque chose se passa en elle. Que se passait il ? Quelle était cette boule qui grossissait dans son ventre ?
Je suis seule, les mains attachées, les yeux bandés. Je ne vois rien, je suis incapable d’analyser mon environnement. Je ne peux pas me servir de mes mains pour explorer. Je ressens encore les siennes pour m’attacher. La douceur de ses gestes lorsqu’il m’a mis le masque. Le goût de ses lèvres lorsqu’il…. Oh putain
Claire se rendit compte qu’elle venait de d’avoir un orgasme. Ici, seule, en plein milieu d’une salle de réunion, menottée et aveugle. Oui, elle venait d’éprouver une jouissance extrême dont elle-même ne comprenait même pas l’origine. Tant d’émotions, Romain, si mystérieux qui lui propose un jeu inconnu, le fait d’être entravée comme jamais on l’avait fait avant, ce doux et confortable masque qui l’aveuglait. Ce long baiser dont il l’avait gratifié. Au final c’était trop bon.
Tout en étant perdu dans ses pensées, Claire ne rendit pas compte qu’elle affichait un sourire de béatitude. Petit détail qu’elle avait oublié, c’est que son partenaire ne perdait pas une miette de ce qui passait dans cette salle grâce à la caméra. C’était désormais lui qui avait du mal à se contenir. Ne disposant pas du son, il avait juste eu besoin de l’image pour comprendre la situation de sa partenaire, ce qui était loin de lui déplaire.
Il resta un long moment les yeux rivés sur ce petit écran où il voyait cette charmante jeune fille tentant désespérément de sonder son environnement. Si bien qu’il en oublia le temps qui passe.
« Oh bon sang »
Trente-deux minutes s’étaient écoulées. Le comble aurait été que Claire ne trouve la clé dans les deux minutes supplémentaires.
Il déverrouilla la porte et entra. Claire, quant à elle, se tourna aussitôt dans la direction d’où provenait le son.
« C’est moi »
Des paroles qui soulagèrent la prisonnière.
Joueur, Romain s’approcha en silence de sa victime, se plaça dans son dos et murmura.
« Perdu »
Claire sursauta et tenta un coup de pied bien placé contre ce malotru qui lui a fichu une trouille bleue.
« Libère moi idiot que je te gifle »
Romain fit face à Claire.
« Je préfère te laisser comme ça alors »
Claire lui répondu d’un air espiègle.
« Libère moi que je constate qu’il n’a aucune clé dans cette pièce et que tu es un odieux tricheur »
Romain ôta doucement le masque. La première vision qu’elle eût fût celle du visage souriant de son collègue.
« Regarde à ta droite »
Et posé là, bien en évidence sur un des meubles, un porte clé en forme de voiture.
« Je n’ai pas triché, je te donne l’écran tu pourras vérifier l’enregistrement. J’ai bien cru à un moment que tu y arriverais »
« Et ça t’as foutu la trouille ? J’aurais eu droit à un souhait »
« Exact… Mais tu as perdu. Assez d’émotions pour aujourd’hui »
Romain passa derrière sa collègue et lui libéra les mains.
« Ahhhh. Et quand est ce qu’on recommence ? » demanda une Claire enjouée.
« Bientôt. Peut-être même plus tôt que tu ne le penses »
En rejoignant son bureau, Claire ne pouvait se retenir de sourire. Quelle expérience, que d’émotions, que…
« On va manger ma grande ? »
Claire revint soudain à la réalité lorsque Sophia lui tapa sur l’épaule.
« Hein ? Oui. J’arrive »
« T’étais où ? Ça fait une heure que je te cherche »
« En réunion en salle… 4… en visio avec un client »
« En visio ? »
Claire se retourna lorsqu’elle entendit la voix de Romain.
« Oui avec un client particulièrement casse nouille si tu veux savoir »
Romain glissa à l’oreille de sa collègue.
« N’hésite à faire appel moi, je serai ravi de te venir en aide la prochaine fois »
Le reste de la journée se déroula quasi normalement. Claire, peu concentrée sur son travail, passa la plus grande partie de l’après-midi à se remémorer les évènements du matin. Sur l’instant, elle n’avait qu’une envie, c’était de parler de ce qu’elle avait ressenti avec son compagnon de jeu. Lui avait l’air plutôt occupé, ce qui ne l’empêchait de jeter, à de nombreuses reprises, un oeil complice dans sa direction.
Le soir venu, Claire guetta un signe de Romain. Elle savait qu’il restait parfois tard et ne voulait pas le déranger. Soudain…
_ Coucou
_ Bonsoir monsieur, en quoi puis je vous être utile ?
_ Je voulais juste m’assurer que tu allais bien
_ Et pourquoi je n’irai pas bien. Je suis assise dans mon canapé à discuter avec un charmant jeune homme
_ Oh. Il en a de la chance
_ Oui il a de la chance. Surtout après ce qu’il m’a fait subir ce matin
_ Tu n’as pas aimé ?
Je lui dis ou pas ?
_ Tu veux vraiment le savoir ? Peut-être que tu ne vas pas aimer la réponse ?
_ Là, c’est toi qui en as trop dit
_ Qui t’as demandé de m’enlever le masque et les menottes ?
_ Tu aurais préféré les garder ?
_ Peut-être que oui ? Peut-être que non ?
_ Je peux te poser une question ?
_ Bien sûr
_ Sois franche. Qu’est-ce que tu as ressenti pendant cette demi-heure ?
_ Difficile à dire… D’abord une forme d’amusement liée à de la peur, c’était la première fois que je me retrouvais dans cette situation. J’étais perdue, incapable d’analyser mon espace et totalement perdue, j’essayais d’enlever cette saleté de masque et je ne parle pas des menottes. Au bout d’un moment, il y a eu un mélange d’excitation, de frustration et le souvenir d’un baiser d’un très beau garçon
_ Je pense savoir de quel moment tu parles
_ Merde…La honte
_ Honte de quoi ? Tu t’es simplement laissée aller. C’est aussi pour ça que je t’ai laissé l’enregistrement. J’ai surtout besoin que tu me fasses confiance
_ Je devrai peut être pas te le dire mais tu l’as déjà
_ J’aurai peut-être dû te laisser attacher alors ?
_ Seulement attacher ?
_ Disons simplement que si j’avais été un méchant garçon, j’aurai profité de la situation
_ Ce qui aurait impliqué ?
_ Tellement de possibilités… Une magnifique jeune femme, menottée, les yeux bandés, incapable de m’échapper. J’aurai pu…
_ Continu
_ J’aurai commencé par la caresser lentement, commençant par de légers effleurements sur son visage. Je serai descendu lentement le long de ses bras jusqu’à l’extrémité de ses mains prisonnières. Tandis qu’elle essaie d’attraper mes doigts, je profite de sa captivité pour caresser son ventre et remonter juste au-dessous de ses seins. Je sens son souffle qui s’accélère. J’attends quelques secondes, que ferait-elle selon toi ?
_ Elle sait seulement qu’il est dans son dos, elle tente d’attraper sa chemise pour coller son corps au sien. Ces maudites menottes ne facilitent pas les choses…
_ Devinant cela, il retourne sa victime pour lui faire face. A présent, elle sait qu’elle ne pourra plus se servir de ses mains. Son geôlier l’embrasse longuement tout en posant une main sur son sein. L’autre venant se placer derrière sa nuque la rendant totalement prisonnière de son ravisseur. Cependant, est-ce elle la prisonnière ou bien est-ce lui qui est captif… De sa beauté, de sa nature…
_ En tout cas, il n’est pas captif de ses yeux, il a la bonne idée de les cacher sous ce masque, comment déjà, confort et aveuglement garanti. Elle essaie de deviner où il lui accordera sa prochaine faveur. Son baiser est si puissant, sans être violent, il prend tout autant de plaisir à maintenir ses lèvres contre les siennes qu’elle à gouter sa langue
_ Et tout en lui maintenant sa bouche contre la sienne, son autre main glisse lentement de plus en plus bas. La respiration de sa prisonnière s’accélère au fur et à mesure de la descente. Il joue avec elle, ne veut pas qu’elle atteigne l’extase trop vite. Non, il la caresse lentement, voluptueusement au travers de ses vêtements, se concentrant sur chacune de ses respirations. Et c’est le geste de trop, sa main ne peut s’empêcher de descendre toujours plus bas, toujours plus prêt
_ Et ??????????
_ Devrait-il continuer ? Sa compagne de jeu n’attend que cela, il le sait. Il écarte son visage du sien et la contemple. C’est lui désormais qui n’en peut plus
_ Elle ne voit rien, elle sait qu’il la regarde, mais elle, elle s’en fout, elle veut profiter de cet instant. L’aveuglement la désinhibe totalement, la douceur du masque sur le contour de ses yeux exacerbe encore plus son envie. Avec ses lèvres, elle cherche la bouche de son geôlier
_ Il attend, s’amusant de la situation. Puis il l’embrasse à nouveau, plongeant sa langue en elle. Profitant de son long baiser, il en profite pour plonger sa main libre, écartant ses vêtements, se glissant jusqu’à ses lèvres déjà humides. Il la touche, la caresse, lentement, langoureusement
Claire ne pouvait pas répondre, elle était quasi en transe. Son excitation montait au fur et à mesure de leur échange. Elle visualisait tellement la scène.
_ Putain Romain pourquoi tu m’as enlevé le masque alors ?
_ Nous devons commencer en douceur. Je ne voulais pas précipiter les choses avec toi
_ On pourrait recommencer ?
_ Qu’est ce qui nous en empêcherait ?
_ Quand ?
_ Tu veux vraiment le savoir ?
_ Comment ?
_ Ce serait différent
_ Différent en quoi ?
_ Le seul indice que je vais te donner, c’est que cette fois , tu ne pourras pas te libérer. Aucune chance
_ Parce que là j’avais une chance. Mes fesses…
_ Tu as regardé la vidéo ? Par deux fois, tu t’es approché de la clé
_ Très amusant…
_ Je te laisse vérifier. Et pour infos, si tu dis oui le prochain jeu aura lieu avant la fin de la semaine. Bonne nuit…
Bonne nuit ? Putain le con… Il me fait des trucs de malade… Je prends un pied d’enfer… Je m’imagine des situations phénoménales et lui…
_ Bonne nuit Romain. OUI
La nuit fût compliquée pour Claire, qui eût beaucoup de mal à trouver le sommeil. Dès qu’elle fermait les yeux, elle ne pouvait s’empêcher de penser à l’instant où Romain lui avait poser ce satané masque. Elle ne voyait rien, elle lui appartenait et lui… Lui avait été un parfait gentleman, il a respecté toutes les règles, s’était montré si doux avec elle.
Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’au même instant, le maître du jeu, lui, n’en menait pas large non plus. Il savait qu’il tombait amoureux, mais ne voulait pas oublier sa première règle. Ne pas aller trop vite, prendre son temps. Être patient. Et de la patience, il lui en faudra, il avait déjà tout en tête, la date, le déroulé. La semaine va être longue.
J'ai préféré compartimenter cette histoire en trois chapitres, j'avais pourtant prévenu mes personnages mais ils en ont fait qu'à leurs têtes. Ce sera plus digeste ainsi.
Chapitre un :
En cette belle après-midi de printemps, le ciel était bleu, peu de nuages et pas de pluie. Peut-être que ça expliquait la bonne humeur générale du bureau. Après trois semaines de pluie non-stop, c’était plutôt agréable.
Claire quant à elle, se souciait peu de la météo. Elle se surpris elle-même à observer de nouveau son collègue Romain.
Arrivé depuis peu comme ingénieur système, Romain savait se montrer courtois lorsqu’il passait à côté de son bureau et savait tenir une conversation amicale lorsque Claire venait prendre, pile au même moment que lui, un café à la machine.
Au fil des semaines, elle avait appris que Romain était célibataire et qu’il venait de s’installer récemment dans la région.
Plutôt timide, Claire n’osait pas trop avouer ses sentiments et Romain semblait tout aussi coincé. Pourtant, elle aimait le regarder, il était un très beau jeune homme, à peine plus âgé et franchement…
Oh merde !
Romain venait de croiser le regard de Claire. La honte aurait pu être limitée voire inexistante, si elle n’arborait pas, à cet instant précis, un air particulièrement évocateur tandis qu’elle déshabiller littéralement son collègue du regard. Le genre de regard qui signifie : Toi si je t’attrape…
La honte se transforma en terreur quand il se leva et se dirigea vers le bureau de Claire.
Un tremblement de terre, une tornade, il fallait qu’il se passe quelque chose, n’importe quoi pour que Romain n’atteigne pas le bureau… Mais non, il ne passa rien.
Romain se posa et se pencha vers une jeune fille qui ne savait plus où se mettre.
« Claire ? Le dossier Gomez, t’as eu le temps de relire. Je voudrais valider la partie technique »
« Euh oui. J’ai presque fini. Je te renvoie tout avant ce soir »
« Merci »
Purée, il faut vraiment que je me maitrise lorsque je le regarde
Les jours passèrent, jusqu’à cette pause-café de trop, où Sophia, cette pouffiasse à qui il ne faut surtout rien dire même si c’est votre amie, osa poser la question.
« Romain, tu savais que Claire était célibataire ? »
« Euh non, je l’ignorais »
Romain tourna la tête vers une Claire, plus rouge qu’une tomate mure.
Et juste avant de partir, il utilisa la formule parfaite.
« C’est bon à savoir »
Claire, quant à elle, ne souhaitait qu’une chose, se transformer en petite souris et se cacher dans un trou où personne ne la trouverait pour les dix années à venir.
« T’es contente de ta connerie ? »
« Assez oui » répondit une Sophia toute souriante.
Le lendemain, Romain s’incrusta à la table des filles pour le déjeuner, non pour déplaire à sa collègue célibataire. Les jours s’écoulèrent et Claire profita d’un instant de tranquillité, seule avec celui qu’elle aurait aimé croquer tout cru.
« Ça te dirai qu’on déjeune à l’extérieur demain ? »
« Pourquoi pas ? C’est moi qui invite »
Claire était ravie, elle allait enfin avoir un peu d’intimité avec son futur casse-croûte.
Le déjeuner en question se passa formidablement bien et les deux tourtereaux étaient à la limite de revenir main dans la main à leur bureau.
Le weekend arriva et Claire fût ravie de recevoir un message de Romain lui demandant simplement comment elle allait. Les échanges se multipliaient, d’abord anodins mais de plus en plus explicites.
Jusqu’à celui qui différenciait des autres.
_ Es-tu joueuse ?
_ Ça dépend
_ Ça dépend de quoi ?
_ Du jeu déjà et surtout avec qui je joue
_ Cela passerait au bureau. Si tu acceptes de jouer, il n’y aura pas de retour possible, pour la première partie du moins
_ Continue…
_ Si tu te poses des questions, rien de sexuel ou de salace. Pas d’humiliation et discrétion absolu
_ Là, t’en trop dit
_ La première partie est très soft. Elle consistera surtout à vérifier si tu apprécies le jeu ou non
_ Et je peux savoir en quoi consiste le fameux jeu ?
_ Donc tu acceptes ? J’ai besoin d’un oui
_ Mystérieux en plus d’être maître chanteur. De mieux en mieux
_ Disons simplement…que ça fait partie du jeu. Avoue que c’est plus amusant lorsqu’on ne sait pas
_ Et j’ai droit à un indice ?
_ Rien de sexuel, rien de salace, pas d’humiliation, discrétion absolue. Et respect mutuel
_ Donc tu as déjà joué. Avec quelqu’un du bureau ?
_ Oui mais non, personne du bureau. Cependant j’ai très envie de jouer avec toi
_ La vache. Tu me mets devant un sacré dilemme. Évidement que je suis obligé d’accepter
_ J’ai besoin d’un oui
_ Je sais
_ Une spécialiste du ni oui ni non… Intéressant
_ Intéressant… J’aurai préféré… Excitant
_ L’excitation est présente depuis bien longtemps. Mais je ne veux pas jouer avec n’importe qui
Un long moment passa avant que Claire ne réponde. Mais que devait-elle répondre ? Elle appréciait de plus en plus Romain mais dire oui à son jeu.
Et puis zut. Qui ne tente rien…
_ OUI
_ Tu m’en vois ravi. Le jeu commencera demain à 11h00 salle 4, prévois une heure de disponibilité
_ Et…
_ Demain 11H00 salle 4
_ Super, on finit notre conversation comme ça ?
_ Ce sujet est clos. Mais la journée n’est pas finie. Je suis sur mon canapé avec mon téléphone à discuter avec une charmante jeune fille. Je peux parler de pleins d’autres choses
_ Ah, excuse-moi, je ne savais pas que tu parlais avec une autre
_ Je précise : une charmante jeune fille qui manque de confiance en elle
Claire ne pût s’empêcher de sourire. Romain était vraiment un charmeur. Les échanges continuèrent jusque tard le soir, mais aucune réponse concernant le jeu.
Le lendemain, c’est une Claire fatiguée mais bouillonnante qui arriva à son bureau.
Romain, lui, semblait serein. Il lança un « Bonjour » à sa collègue comme si rien n’était. Le seul indice qui le trahissait, c’était les petits sourires qu’il lui jetait lorsque leurs regards se croisaient, à peu près toutes les dix secondes.
Un petit plaisir, qui devait être extrêmement amusant aux yeux de Romain, consistait à envoyer un mail tous les quarts d’heure à sa future compagne de jeu lui annonçant le temps restant avant le début des hostilités.
Au fur et à mesure que l’heure H arrivait, Ophélie ressentit une effervescence mêlée à une angoisse grandissante. Qu’est-ce qu’il préparait ? C’était quoi ce jeu ? Est-ce qu’il y a un risque ? Est-ce que c’est un piège pour me virer ? Ou pire que ça ? Mais au fait, il est où ?
Il avait disparu. Il n’était pas à son bureau. Il prépare son truc ? Il fait venir quelqu’un ? Il a eu la trouille ? C’est juste un gros mytho ?
Un message
_ Je t’attends en salle 4
L’enfoiré ? Il est déjà là-bas
Tandis qu’elle se dirigeait vers cette fameuse salle 4, la plus éloignée, le genre de salle qu’on utilise uniquement quand les trois premières sont déjà utilisé, Claire se rendit compte que son corps avançait machinalement. Ses jambes la portaient, mais son esprit était ailleurs, bien trop occupé à imaginer cent scénarios et à se poser mille questions. Et ce n’est qu’à la seconde où sa main se posa sur la poignée qu’elle cessa de cogiter.
Ouvrir ?… Ne pas ouvrir ?
Merde, je suis pétée de trouille
La porte s’ouvrit.
Trop tard…
C’était Romain qui venait d’actionner la poignée. Il regarda Claire, souriant.
« Nerveuse ? »
« Terrifiée »
Romain s’approcha et murmura à l’oreille de sa collègue.
« Ça te rend encore plus belle »
Il l’invita à entrer mais remarqua le sourire gêné de Claire, visiblement touché par le compliment.
La salle était presque vide. Une longue table, avec autour, une dizaine de chaises, trônait au milieu de la pièce. Claire inspecta attentivement les lieux. Pas d’outils de torture médiéval, pas de couteau ensanglanté. Une salle de réunion des plus normale.
« Et maintenant… J’ai le droit de savoir »
Romain referma la porte, s’approcha et pris la main de Claire.
« Maintenant, nous allons jouer à une sorte d’Escape Game. Tout d’abord, si tu perds, tu auras simplement le droit de jouer une nouvelle partie, mais beaucoup plus… piquante »
« Et si je gagne ? »
« La porte sera verrouillée par sécurité, mais si tu es prête à sortir, c’est-à-dire libre de toute entrave, la main posée sur la poignée, tu auras droit à un souhait »
« Des entraves ?»
Le visage de Romain s’illumina.
« Nous y voilà. Le but de ce premier jeu sera de trouver une clé. La clé qui ouvrira les menottes que tu vas porter…maintenant »
A peine sa phrase terminée, Romain sorti une paire de menottes de sa poche et saisi avec douceur la main droite de Claire, il passa derrière son dos, saisi la main gauche et menotta sa partenaire en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
« Ouh. Préviens-moi la prochaine fois. Remarque, c’est la première fois qu’on me met ça »
« De mieux en mieux »
« Crétin »
Claire s’avança vers la table et commença à chercher la clé.
« Donc il faut jute que je trouve une clé, que je me libère et que je pose la main sur la poignée. Facile »
« Si seulement… »
« Et ? »
La joueuse était de plus en plus intriguée. Le maître du jeu avait visiblement n’en avait pas fini avec elle.
« Je suppose qu’il y a une arnaque » dit-elle tout en continuant à chercher.
« Aucune arnaque. Mais ne compte pas sur moi pour te faciliter la tâche »
« Donc ? »
Romain s’approcha lentement.
« Mon moment préféré… Tu te poses cent mille questions, tu voudrais arrêter, t’enfuir, te mettre en sécurité. Mais l’envie de découvrir ce que je cache est plus forte. J’ai tort ? »
« Non »
« Regarde de ce côté »
Claire regarda attentivement et aperçu ce qui ressemblait à une caméra. Surprise, elle s’approcha. Romain se plaça derrière elle.
Avec un ton bienveillant il lui expliqua :
« C’est bien une caméra. Lorsque je te laisserai seule et que j’aurais verrouiller la porte, elle me permettra de te suivre. Elle est reliée à un écran qui est dans ma poche et qui va tout enregistrer. Bien évidemment, je te laisserai l’enregistrement à la fin du jeu. Tu pourras ainsi vérifier que je n’ai pas tricher et j’aurais l’esprit tranquille »
« Et qu’est-ce que tu veux qui m’arrive ? Je trouve la clé, je me détache, je pose la main sur la poignée et tu seras à moi »
Amusé, Romain ne pût s’empêcher de sourire en entendant ses paroles.
« Le but, aujourd’hui, n’est pas que tu gagnes ou que tu perdes, c’est plus… Tu verras »
« Hum… Je verrais quoi ? »
« Rien du tout »
Et ni une ni deux, le voilà qui sort un masque de sa poche et le pose sur les yeux d’une Claire, totalement prise au dépourvu.
Ce qu’elle ressenti de suite, c’est que le masque était différent de ceux qu’elle avait déjà essayé. Lorsqu‘elle avait pris le train, elle en avait acheté un, bas de gamme, il couvrait bien le regard mais laisser souvent passer la lumière, on devait fermer les yeux pour être parfaitement dans le noir. Idem lors d’un mariage, pendant les sempiternels jeux des invités, on lui en avait posé un pour identifier les mollets de son chéri de l’époque.
Celui-ci était différent, plus lourd déjà et assurant une obscurité totale.
« C’est un masque de nuit 3D, si tu poses la question. Confort et aveuglement garanti » dit Romain tout en ajustant l’élastique. « Pas trop serré ?»
« Non ça va »
Le ton de la jeune fille avait changé, d’amusé et curieux, il était devenu plus lent, plus posé.
Romain remarqua aussi que sa partenaire de jeu commençait à montrer des signes, plus proches de l’excitation que de la nervosité.
« Voici la suite, la clé des menottes est accrochée à un porte clé que je vais poser quelque part dans la pièce, tu devras la trouver pour te détacher. Le but n’est pas de poser la main sur la poignée mais bien de te délivrer pendant le temps imparti »
« Combien de temps ? »
« Trente minutes ? Ni plus ni moins. Prête à démarrer »
« J’ai le choix ? »
« Tu veux annuler ? »
« Non » Répondit une Claire sous le charme d’un maître d’un jeu bien singulier.
« Je m’éloigne pour poser la clé »
En effet, Romain s’éloigna, Claire se concentra au mieux sur son ouïe mais aucun indice sonore ne l’aida.
Revenant près d’elle, il la prit par la taille et l’emmena quelques mètres plus loin.
« On va où ? »
Romain s’arrêta.
« Tu es au milieu de la pièce, un dernier détail »
Romain fit faire trois tours sur elle-même à Claire qui n’en demandé pas tant. Surtout qu’après ce traitement, elle était complètement perdue.
Romain lui susurra « Amuse toi bien »
Claire se tourna dans la direction où elle pensait trouver son collègue.
« J’ai droit à un cadeau pour me souhaiter bonne chance ? »
La réponse ne se fit pas attendre et prit la forme d’un long baiser langoureux.
Romain s’éloigna et laissa sa captive.
« Romain ? T’es là ? »
Aucune réponse. Il était sorti ?
Ok mon coco. J’ai déjà vu des films. Le héros se baisse et passe ses menottes devant lui. J’enlève le masque, je trouve la clé et…. C’est bizarre… Normalement il y a une chaine entre les bracelets, un espace et merde… Là il n’y a rien, mes poignets sont beaucoup trop rapprochés, je ne peux pas les passer et ce masque...
Malgré ses grimaces, le masque tenait parfaitement sur son visage. Claire se souvint des mots de Romain, confort et aveuglement garanti.
Tu m’étonnes.Le salopard a bien préparé son coup. Purée, je suis où ?
En tentant d’inspecter son environnement, son premier réflexe fût de vouloir utiliser ses mains, non, bien sûr, les menottes. Avec ses pieds, elle finit par toucher quelque chose.
C’est quoi ? Ça ne bouge pas, c’est lourd. Une table ? Non un meuble, il y en a deux dans la salle, opposés à la porte. Et en quoi ça fait avancer le schmilblick ? Pourquoi j’ai accepté ? Ok, demi demi-tour et j’avance. A tous les coups il a posé la clé sur la table
La joueuse s’avança à nouveau sondant petit à petit l’espace. Le pied droit toucha un obstacle.
La table ? Non. Et merde, le mur. Je suis complètement largué. Je n’y arriverai pas comme ça. Il faut que je me libère
Malgré des nouvelles grimaces, et même en essayant de frotter le visage contre le mur. Ce satané masque ne bougeait pas et n’offrait décidément aucune visibilité. Idem pour ces foutues menottes, impossible de se libérer. En essayant de jauger la forme de ses entraves, elle
finit par s’apercevoir qu’elle ne sentait même pas l’emplacement pour insérer un hypothétique morceau de ferraille qui pourrait la libérer. Elle secoua ses mains, se dandina, sauta. Mais non, rien, Claire était toujours prisonnière et aveugle.
Elles se déplaça à nouveau, en reculant, ses mains cherchant un appui quelconque, un indice qui lui indiquerai au moins où elle se trouve dans la pièce.
C’était donc ça que ressentait la demoiselle en détresse des films. Celle qui attendait que le héros de l’histoire vienne la sauver après avoir corrigé le méchant. Sauf que là…
Quelque chose se passa en elle. Que se passait il ? Quelle était cette boule qui grossissait dans son ventre ?
Je suis seule, les mains attachées, les yeux bandés. Je ne vois rien, je suis incapable d’analyser mon environnement. Je ne peux pas me servir de mes mains pour explorer. Je ressens encore les siennes pour m’attacher. La douceur de ses gestes lorsqu’il m’a mis le masque. Le goût de ses lèvres lorsqu’il…. Oh putain
Claire se rendit compte qu’elle venait de d’avoir un orgasme. Ici, seule, en plein milieu d’une salle de réunion, menottée et aveugle. Oui, elle venait d’éprouver une jouissance extrême dont elle-même ne comprenait même pas l’origine. Tant d’émotions, Romain, si mystérieux qui lui propose un jeu inconnu, le fait d’être entravée comme jamais on l’avait fait avant, ce doux et confortable masque qui l’aveuglait. Ce long baiser dont il l’avait gratifié. Au final c’était trop bon.
Tout en étant perdu dans ses pensées, Claire ne rendit pas compte qu’elle affichait un sourire de béatitude. Petit détail qu’elle avait oublié, c’est que son partenaire ne perdait pas une miette de ce qui passait dans cette salle grâce à la caméra. C’était désormais lui qui avait du mal à se contenir. Ne disposant pas du son, il avait juste eu besoin de l’image pour comprendre la situation de sa partenaire, ce qui était loin de lui déplaire.
Il resta un long moment les yeux rivés sur ce petit écran où il voyait cette charmante jeune fille tentant désespérément de sonder son environnement. Si bien qu’il en oublia le temps qui passe.
« Oh bon sang »
Trente-deux minutes s’étaient écoulées. Le comble aurait été que Claire ne trouve la clé dans les deux minutes supplémentaires.
Il déverrouilla la porte et entra. Claire, quant à elle, se tourna aussitôt dans la direction d’où provenait le son.
« C’est moi »
Des paroles qui soulagèrent la prisonnière.
Joueur, Romain s’approcha en silence de sa victime, se plaça dans son dos et murmura.
« Perdu »
Claire sursauta et tenta un coup de pied bien placé contre ce malotru qui lui a fichu une trouille bleue.
« Libère moi idiot que je te gifle »
Romain fit face à Claire.
« Je préfère te laisser comme ça alors »
Claire lui répondu d’un air espiègle.
« Libère moi que je constate qu’il n’a aucune clé dans cette pièce et que tu es un odieux tricheur »
Romain ôta doucement le masque. La première vision qu’elle eût fût celle du visage souriant de son collègue.
« Regarde à ta droite »
Et posé là, bien en évidence sur un des meubles, un porte clé en forme de voiture.
« Je n’ai pas triché, je te donne l’écran tu pourras vérifier l’enregistrement. J’ai bien cru à un moment que tu y arriverais »
« Et ça t’as foutu la trouille ? J’aurais eu droit à un souhait »
« Exact… Mais tu as perdu. Assez d’émotions pour aujourd’hui »
Romain passa derrière sa collègue et lui libéra les mains.
« Ahhhh. Et quand est ce qu’on recommence ? » demanda une Claire enjouée.
« Bientôt. Peut-être même plus tôt que tu ne le penses »
En rejoignant son bureau, Claire ne pouvait se retenir de sourire. Quelle expérience, que d’émotions, que…
« On va manger ma grande ? »
Claire revint soudain à la réalité lorsque Sophia lui tapa sur l’épaule.
« Hein ? Oui. J’arrive »
« T’étais où ? Ça fait une heure que je te cherche »
« En réunion en salle… 4… en visio avec un client »
« En visio ? »
Claire se retourna lorsqu’elle entendit la voix de Romain.
« Oui avec un client particulièrement casse nouille si tu veux savoir »
Romain glissa à l’oreille de sa collègue.
« N’hésite à faire appel moi, je serai ravi de te venir en aide la prochaine fois »
Le reste de la journée se déroula quasi normalement. Claire, peu concentrée sur son travail, passa la plus grande partie de l’après-midi à se remémorer les évènements du matin. Sur l’instant, elle n’avait qu’une envie, c’était de parler de ce qu’elle avait ressenti avec son compagnon de jeu. Lui avait l’air plutôt occupé, ce qui ne l’empêchait de jeter, à de nombreuses reprises, un oeil complice dans sa direction.
Le soir venu, Claire guetta un signe de Romain. Elle savait qu’il restait parfois tard et ne voulait pas le déranger. Soudain…
_ Coucou
_ Bonsoir monsieur, en quoi puis je vous être utile ?
_ Je voulais juste m’assurer que tu allais bien
_ Et pourquoi je n’irai pas bien. Je suis assise dans mon canapé à discuter avec un charmant jeune homme
_ Oh. Il en a de la chance
_ Oui il a de la chance. Surtout après ce qu’il m’a fait subir ce matin
_ Tu n’as pas aimé ?
Je lui dis ou pas ?
_ Tu veux vraiment le savoir ? Peut-être que tu ne vas pas aimer la réponse ?
_ Là, c’est toi qui en as trop dit
_ Qui t’as demandé de m’enlever le masque et les menottes ?
_ Tu aurais préféré les garder ?
_ Peut-être que oui ? Peut-être que non ?
_ Je peux te poser une question ?
_ Bien sûr
_ Sois franche. Qu’est-ce que tu as ressenti pendant cette demi-heure ?
_ Difficile à dire… D’abord une forme d’amusement liée à de la peur, c’était la première fois que je me retrouvais dans cette situation. J’étais perdue, incapable d’analyser mon espace et totalement perdue, j’essayais d’enlever cette saleté de masque et je ne parle pas des menottes. Au bout d’un moment, il y a eu un mélange d’excitation, de frustration et le souvenir d’un baiser d’un très beau garçon
_ Je pense savoir de quel moment tu parles
_ Merde…La honte
_ Honte de quoi ? Tu t’es simplement laissée aller. C’est aussi pour ça que je t’ai laissé l’enregistrement. J’ai surtout besoin que tu me fasses confiance
_ Je devrai peut être pas te le dire mais tu l’as déjà
_ J’aurai peut-être dû te laisser attacher alors ?
_ Seulement attacher ?
_ Disons simplement que si j’avais été un méchant garçon, j’aurai profité de la situation
_ Ce qui aurait impliqué ?
_ Tellement de possibilités… Une magnifique jeune femme, menottée, les yeux bandés, incapable de m’échapper. J’aurai pu…
_ Continu
_ J’aurai commencé par la caresser lentement, commençant par de légers effleurements sur son visage. Je serai descendu lentement le long de ses bras jusqu’à l’extrémité de ses mains prisonnières. Tandis qu’elle essaie d’attraper mes doigts, je profite de sa captivité pour caresser son ventre et remonter juste au-dessous de ses seins. Je sens son souffle qui s’accélère. J’attends quelques secondes, que ferait-elle selon toi ?
_ Elle sait seulement qu’il est dans son dos, elle tente d’attraper sa chemise pour coller son corps au sien. Ces maudites menottes ne facilitent pas les choses…
_ Devinant cela, il retourne sa victime pour lui faire face. A présent, elle sait qu’elle ne pourra plus se servir de ses mains. Son geôlier l’embrasse longuement tout en posant une main sur son sein. L’autre venant se placer derrière sa nuque la rendant totalement prisonnière de son ravisseur. Cependant, est-ce elle la prisonnière ou bien est-ce lui qui est captif… De sa beauté, de sa nature…
_ En tout cas, il n’est pas captif de ses yeux, il a la bonne idée de les cacher sous ce masque, comment déjà, confort et aveuglement garanti. Elle essaie de deviner où il lui accordera sa prochaine faveur. Son baiser est si puissant, sans être violent, il prend tout autant de plaisir à maintenir ses lèvres contre les siennes qu’elle à gouter sa langue
_ Et tout en lui maintenant sa bouche contre la sienne, son autre main glisse lentement de plus en plus bas. La respiration de sa prisonnière s’accélère au fur et à mesure de la descente. Il joue avec elle, ne veut pas qu’elle atteigne l’extase trop vite. Non, il la caresse lentement, voluptueusement au travers de ses vêtements, se concentrant sur chacune de ses respirations. Et c’est le geste de trop, sa main ne peut s’empêcher de descendre toujours plus bas, toujours plus prêt
_ Et ??????????
_ Devrait-il continuer ? Sa compagne de jeu n’attend que cela, il le sait. Il écarte son visage du sien et la contemple. C’est lui désormais qui n’en peut plus
_ Elle ne voit rien, elle sait qu’il la regarde, mais elle, elle s’en fout, elle veut profiter de cet instant. L’aveuglement la désinhibe totalement, la douceur du masque sur le contour de ses yeux exacerbe encore plus son envie. Avec ses lèvres, elle cherche la bouche de son geôlier
_ Il attend, s’amusant de la situation. Puis il l’embrasse à nouveau, plongeant sa langue en elle. Profitant de son long baiser, il en profite pour plonger sa main libre, écartant ses vêtements, se glissant jusqu’à ses lèvres déjà humides. Il la touche, la caresse, lentement, langoureusement
Claire ne pouvait pas répondre, elle était quasi en transe. Son excitation montait au fur et à mesure de leur échange. Elle visualisait tellement la scène.
_ Putain Romain pourquoi tu m’as enlevé le masque alors ?
_ Nous devons commencer en douceur. Je ne voulais pas précipiter les choses avec toi
_ On pourrait recommencer ?
_ Qu’est ce qui nous en empêcherait ?
_ Quand ?
_ Tu veux vraiment le savoir ?
_ Comment ?
_ Ce serait différent
_ Différent en quoi ?
_ Le seul indice que je vais te donner, c’est que cette fois , tu ne pourras pas te libérer. Aucune chance
_ Parce que là j’avais une chance. Mes fesses…
_ Tu as regardé la vidéo ? Par deux fois, tu t’es approché de la clé
_ Très amusant…
_ Je te laisse vérifier. Et pour infos, si tu dis oui le prochain jeu aura lieu avant la fin de la semaine. Bonne nuit…
Bonne nuit ? Putain le con… Il me fait des trucs de malade… Je prends un pied d’enfer… Je m’imagine des situations phénoménales et lui…
_ Bonne nuit Romain. OUI
La nuit fût compliquée pour Claire, qui eût beaucoup de mal à trouver le sommeil. Dès qu’elle fermait les yeux, elle ne pouvait s’empêcher de penser à l’instant où Romain lui avait poser ce satané masque. Elle ne voyait rien, elle lui appartenait et lui… Lui avait été un parfait gentleman, il a respecté toutes les règles, s’était montré si doux avec elle.
Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’au même instant, le maître du jeu, lui, n’en menait pas large non plus. Il savait qu’il tombait amoureux, mais ne voulait pas oublier sa première règle. Ne pas aller trop vite, prendre son temps. Être patient. Et de la patience, il lui en faudra, il avait déjà tout en tête, la date, le déroulé. La semaine va être longue.